Le sport français saura-t-il surfer sur la vague de Paris 2024? Une première réponse pourrait être apportée le 15 novembre, avec le vote du Conseil de World Rugby pour l’attribution de la Coupe du Monde 2023. La France est en concurrence avec l’Irlande et l’Afrique du Sud.
Autre cible: les Mondiaux de ski alpin en 2023. La Fédération française de ski et son président, Michel Vion (photo ci-dessus), ont déposé un dossier de candidature auprès de la Fédération internationale (FIS). Il propose d’organiser l’événement dans les stations savoyardes de Courchevel et Méribel. Michel Vion en a expliqué à FrancsJeux les enjeux, les forces et les chances de succès.
FrancsJeux: Où en êtes-vous aujourd’hui du processus de candidature aux Mondiaux de ski alpin en 2023 ?
Michel Vion: Nous sommes en plein dedans. Nous nous sommes déclarés le 17 février 2017. Il nous fallait ensuite rendre un questionnaire de 20 questions auprès de la FIS, au plus tard le 31 août. Nous avons rendu un document très complet d’environ 200 pages. Nous attendons maintenant le retour de la FIS, pour une décision prévue en mai 2018. Le dossier sera important, notamment sur le plan technique, mais le relationnel jouera un rôle majeur. Dix-sept personnes vont voter, dont moi-même. Notre lobbying a déjà débuté, tout est en place et très bien aligné.
Comment se présente la concurrence ?
Je ne voulais pas que nous soyons seuls, cela n’aurait pas été sain. Mais je craignais aussi qu’il y ait plus de deux candidats, car cela aurait impliqué deux tours de scrutin, donc un jeu politique. Nous avons un seul rival, la station de Saalbach-Hinterglemm, en Autriche. Un rival toujours dangereux, car il est autrichien. Mais la Fédération autrichienne en est consciente: elle a organisé les Mondiaux de ski alpin il y a 4 ans, ceux de biathlon cette année, elle aura les Mondiaux de ski nordique en 2019. On ne peut pas être tous les 4 ans en Autriche. Notre meilleur argument reste bien sûr notre dossier. Mais s’il est bon et bien présenté, c’est notre tour.
En quoi votre dossier serait-il le meilleur ?
Il ne sera pas forcément meilleur. Je fais confiance aux Autrichiens pour présenter un bon dossier. Mais nous proposons un concept particulier, en associant deux stations, Méribel et Courchevel, distantes de 9 kilomètres. Nous faisons le pari de mettre les athlètes au cœur du projet, comme l’a fait Paris 2024, avec deux pistes distinctes, de difficultés différentes, pour les hommes et pour les femmes. Deux sites séparés, Méribel pour les femmes, Courchevel pour les hommes, dans l’intérêt des athlètes. Nous allons défendre ce concept, avec la conviction qu’il est dans l’air du temps.
Qui porte aujourd’hui la candidature française ?
La Fédération française de ski, en particulier moi-même, en ma qualité de membre du Conseil de la FIS. Nous allons impliquer les athlètes, mais cela se fera un peu plus tard. Alexis Pinturault (photo ci-dessous) en sera. Il est médaillé olympique et originaire du village de Courchevel. Les autres seront annoncés après les Jeux de PyeongChang.
La campagne pour les Jeux d’hiver en 2026, où Innsbruck a retiré son projet, peut-elle avoir un impact ?
Je ne crois pas. A mon sens, il n’existe pas de lien entre les deux événements. Le processus est différent. Nous ne jouerons pas la carte de Paris 2024, cela donnerait à la campagne une tournure politique. Nous n’y tenons pas.
Gian Franco Kasper, le président de la FIS, n’avait pas caché avoir voté pour Pékin dans la course aux Jeux d’hiver 2022, en raison du potentiel de développement du ski en Chine. Selon ce critère, laquelle des deux candidatures présente-t-elle les meilleurs atouts ?
Sur plan économique, la différence n’est pas très grande. Même chose pour les droits de télévision. Nous n’avons rien à envier à l’Autriche. Mais nous avons le meilleur potentiel de développement du ski. Avec la période que nous traversons, difficile pour les sports d’hiver, nous avons besoin de relancer une génération. Aujourd’hui, moins de 10% des jeunes issus des grandes villes proches des stations, comme Lyon, Grenoble, Chambéry ou Annecy, sont des skieurs. Quel serait l’héritage des Mondiaux en France? Ils aideraient notre pays à rester une nation majeure du ski. Nous avons besoin des Mondiaux pour relancer un vaste plan ski.
Entre la France et l’Autriche, où se fera vraiment la différence ?
Nous sommes deux pays majeurs, avec dans les deux cas un bon dossier technique. La différence sera dans ma capacité, et celle de mon homologue autrichien, à convaincre les votants. Mais j’ai confiance. Depuis deux ans, je consacre beaucoup d’énergie à la campagne. J’ai été présent à tous les championnats du monde, dans toutes les disciplines, pour voir les équipes de France, bien sûr, mais également pour convaincre. Nous avons pris un peu d’avance.