Le casting est désormais connu. Il est complet. La commission de coordination des Jeux de Paris en 2024 sera présidée par un Belge, le Baron Pierre-Olivier Beckers-Vieujant, 57 ans, ancien patron du groupe Delhaize, président du comité national olympique belge depuis 2005. Pour la fonction de vice-président, le Suisse Patrick Baumann. Pour le reste, 14 personnes, dont une majorité de membres du CIO.
En déplacement professionnel à New York depuis mardi 31 octobre, Pierre-Oliviers Beckers a répondu aux questions de la RTBF. Extraits.
Sur sa nomination à la commission de coordination des Jeux de Paris 2024. « Je ne m’y attendais pas du tout : je n’avais postulé à rien, je suis tombé des nues quand Thomas Bach, le président du CIO, m’a téléphoné il y a une quinzaine de jours pour me proposer le poste. Ils ont opté pour mon profil vu la proximité de langue et de culture avec Paris. Mais surtout car organiser des Jeux, c’est prendre en compte une foule de paramètres financiers, économiques, sociétaux, humain et environnementaux. Et au sein du CIO, qui compte 100 membres aujourd’hui, il y a peu de chefs d’entreprise comme moi. »
Sur son rôle à la tête de la commission. « Plus qu’un gendarme, je veux être un guide et un conseiller, travailler de manière collaborative. Si vous voulez danser le tango, vous devez être deux. Être seul à la table rend le travail impossible. Mais c’est vrai que le CIO a des droits : nous sommes propriétaires des anneaux et de ses valeurs. En outre, nous versons plus d’un milliard de dollars au comité local parisien. Nous avons donc un droit de regard sur la manière dont tout cela est utilisé. Mais je suis plutôt confiant : Paris 2024 s’appuie sur 90% des infrastructures déjà existantes, il devra juste bâtir une piscine olympique. Les transports, et notamment le métro parisien, sont au point : le budget ne subira aucun dérapage. Je n’ai pas l’habitude de me débiner de mes responsabilités. Mais la bonne gouvernance des JO de Paris est d’abord une responsabilité du comité local. J’ai une mission de conseil, pas de gestion. »
Sur son avenir au sein du CIO. « Je n’ai pas du tout l’ambition de présider un jour le CIO. D’abord parce que 2 des 9 présidents du CIO ont déjà été belges (Henri de Baillet-Latour entre 1925 et 1942, Jacques Rogge entre 2001 et 2013), et que statistiquement, un 3e président belge serait peu probable. Ensuite parce qu’après ma carrière chez Delhaize, je ne suis plus du tout guidé par la soif d’ambition. Enfin, et surtout, parce que Thomas Bach est dans son premier mandat de 4 ans, qu’il peut en briguer trois et que d’ici là, mon âge vénérable ne m’amènera sans doute pas à viser de telles fonctions. Il y a d’autres défis dans la vie. Et mon activité dans les commissions d’audit et d’éthique du CIO me passionne largement. »
Sur les affaires de corruption au sein du mouvement olympique. « On ne peut pas jurer qu’aujourd’hui, le CIO soit propre à 100%. Mais l’intention de transparence est là. Je fais un parallèle avec le monde des affaires : les grands scandales des années 2000 (Parmalat, Enron, etc.) ont créé un cataclysme. Toutes ces affaires ont imposé une nécessité d’éthique et de transparence : les règles de gestion ont été complètement revues et, aujourd’hui, le monde de l’entreprise est beaucoup plus propre. Le monde du sport doit prendre le même chemin : le CIO nous donne tous les moyens pour y arriver, mais le monde ne s’est pas fait un jour… »