C’est fait. L’Assemblée générale des Nations unies (ONU) a adopté lundi 13 novembre, à 88 jours de l’ouverture des Jeux d’hiver de PyeongChang, une résolution appelant à une organisation pacifique des Jeux olympiques d’hiver de PyeongChang. Elle a approuvé par consensus le respect de la traditionnelle « Trêve olympique ».
En soi, rien de très inattendu. Le texte est ressorti tous les deux ans, à l’approche des Jeux d’hiver ou d’été, comme une relique du passé. Le CIO le soumet à l’ONU. Il est toujours approuvé. Une sorte de marronnier de l’univers olympique.
Cette fois, pourtant, la résolution prend une nouvelle dimension. La trêve intervient en pleine période d’escalade balistique et verbale entre la Corée du Nord et les Etats-Unis. Son adoption par les deux ennemis asiatique et américain n’était donc pas gagnée d’avance.
Lundi, à New York, le texte a été présenté par la Corée du Sud, pays hôte des prochains Jeux. Il a été approuvé par la Corée du Nord, mais également par les pays qui accueilleront les Jeux entre 2020 et 2028, à savoir le Japon, la Chine, la France et les États-Unis. Corée du Nord et Etats-Unis signataires d’un même document, la performance n’est pas mince.
Dans la résolution, intitulée « Construire un monde meilleur et de paix à travers le sport et l’idéal olympique », l’assemblée générale a exprimé « son espoir que les Jeux de PyeongChang soient une opportunité significative pour promouvoir une atmosphère de paix, le développement, la tolérance et la compréhension sur la péninsule coréenne et en Asie du Nord-Est. »
Elle « exhorte également les Etats membres à observer la trêve olympique individuellement et collectivement dans le cadre de la charte de l’ONU ». Précision: la trêve olympique débute officiellement 7 jours avant l’ouverture des Jeux, soit vendredi 2 février 2018, pour se terminer 7 jours après la clôture des Jeux paralympiques, donc dimanche 25 mars 2018.
En accord avec l’usage et la tradition, Thomas Bach était présent à New York, devant l’assemblée générale de l’ONU, lundi 13 novembre. Le président du CIO a pris la parole. Classique. « Avec la résolution de la trêve olympique, l’assemblée générale de l’ONU a créé les conditions pour que tous les athlètes puissent concourir pacifiquement, a-t-il insisté. Seuls les Etats membres de l’ONU peuvent garantir un voyage en toute sécurité des athlètes aux JO. Ils permettent à tous les athlètes olympiques de réaliser le rêve de leur vie. Les athlètes olympiques montrent au monde qu’il est possible de s’affronter entre eux tout en vivant pacifiquement sous le même toit. »
Même ton empreint de confiance dans l’idéal olympique dans le clan sud-coréen, venu en masse à New York. Lee Hee-beom, le président du comité d’organisation des Jeux d’hiver de PyeongChang, a présenté la résolution devant les Nations unies.
Puis Yuna Kim, la championne olympique de patinage artistique en 2010 à Vancouver, désignée ambassadrice d’honneur des Jeux d’hiver de 2018, est montée à la tribune. « Je suis intimement convaincue que l’édition des Jeux olympiques et paralympiques d’hiver de 2018 à PyeongChang aidera à diffuser le message de paix grâce à l’un des seuls langages capables de rassembler les peuples du monde entier : le langage universel du sport », a suggéré la jeune femme.
La trêve sera-t-elle respectée? Probable. Pas sûr. Les derniers Jeux d’hiver, à Sotchi en 2014, se sont déroulés en pleine crise ukrainienne. Plusieurs athlètes ukrainiens avaient quitté les Jeux avant la fin des épreuves. Puis la Russie avait renforcé sa présence militaire en Crimée entre la fin des Jeux olympiques et le début des compétitions paralympiques. En pleine « trêve ».