Les Jeux sont acquis. Le boulot commence pour l’équipe de Paris 2024. Et, clin d’œil de l’histoire, il débute au siège du comité national olympique, dans le sud-est parisien, où une statue d’un Pierre de Coubertin droit comme la justice se dresse dans le vaste hall d’entrée.
Le ban et l’arrière-ban du projet parisien ont rendez-vous au CNOSF, ce jeudi 30 novembre, pour un « séminaire d’orientation » d’une journée et demie avec le CIO. L’événement se veut informel, comme en atteste le code vestimentaire suggéré aux invités: tenue de ville, sans cravate.
Mais il devrait attirer la foule. Au moins 200 personnes, dont les représentants de l’Etat, la région Ile-de-France, la ville de Paris et le mouvement sportif. Côté CIO, la délégation est conduite par le Suisse Christophe Dubi, directeur des Jeux olympiques, et le Belge Pierre-Olivier Beckers, désigné par Thomas Bach président de la commission de coordination des Jeux de Paris 2024.
Au menu, un tour d’horizon des sujets censés occuper l’équipe parisienne au cours des 6 prochaines années. Citons, en vrac, l’héritage et la durabilité, la mobilisation et la place des athlètes, la gouvernance et le partenariat avec Los Angeles 2028, les Jeux paralympiques. Vaste. En trois demi-journées, peu de place pour creuser très en profondeur. Mais l’essentiel est ailleurs. « Le CIO vient nous délivrer des messages importants, a résumé Tony Estanguet dans un entretien avec l’AFP. Il est bien que tout le monde les entende. »
Voilà pour le décor et le programme des festivités. En coulisses, deux sujets devraient occuper les convives à l’heure de la pause-café. Le premier semble en passionner beaucoup: la question des salaires des cadres du futur comité d’organisation. Il aurait pu rester anecdotique, mais le Canard Enchaîné a allumé une mèche le mois dernier en révélant un document de travail confidentiel, où était avancée une rémunération de 450 000 euros annuels pour Tony Estanguet en qualité de président du COJO.
L’équipe parisienne a démenti sur le champ. Mais, depuis, la « transparence » a été élevée au rang de priorité. Elle figure dans la loi olympique, présentée par Laura Flessel, la ministre des Sports, le 15 novembre en conseil des ministres. Elle a alimenté les débats lors du dernier Conseil de Paris. A croire que la feuille de salaire d’une poignée de directeurs du comité d’organisation, appelés à cravacher pendant 7 ans sans vraiment mettre pied à terre, serait devenue décisive dans un projet olympique et paralympique censé transformer durablement le sport français et la société toute entière. Etrange.
Mais l’équipe parisienne joue le jeu. « On a souhaité conserver la démarche d’un comité des rémunérations, qui propose une grille salariale des équipes, a expliqué Tony Estanguet à l’AFP. Ça a été le cas pendant la phase de candidature, ce sera le cas pour le COJO. On veut être transparent et il y aura ce comité des rémunérations. »
Même son de cloche chez Guy Drut, le plus ancien des trois membres français du CIO. « On n’a jamais triché dans nos carrières, on ne trichera pas pour ces Jeux », a-t-il assuré au Parisien.
Les statuts du futur COJO attesteront de la présence d’un comité d’audit, d’un autre dédié à l’éthique, et enfin d’un troisième affecté aux rémunérations. Pas question de plaisanter. Il sera également demandé aux futurs patrons du COJO d’adresser des déclarations de patrimoine et d’intérêt à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (Hatvp). Ils ne seront pas publiés. Mais, comme souvent, ils pourraient bien fuiter dans la presse en cas de découvertes au fort potentiel médiatique.
Autre sujet d’actualité, absent de l’ordre du jour du « séminaire d’orientation », mais susceptible d’alimenter les rumeurs: le choix du directeur général du COJO. Un cabinet de chasseurs de têtes a été sollicité. Un appel à candidatures a été lancé. Hasard ou pas, la date limite pour y répondre est fixée au vendredi 1er décembre à 16 heures, soit grosso mode l’heure où les derniers invités quitteront le CNOSF après le déjeuner de clôture des deux jours de séminaire.
Tony Estanguet n’en démord pas: Etienne Thobois, le directeur général du comité de candidature, reste son favori. « Il a ma confiance, il a les compétences », insiste-t-il. A coup sûr.