Les dirigeants olympiques n’ont pas encore bouclé leur dossier, le CIO hésite toujours sur les conditions de leur participation aux Jeux d’hiver. Mais les hockeyeurs russes s’en moquent comme de leurs premières lames de patins. Pour eux, le paysage est limpide: ils iront à PyeongChang en février prochain. Surtout, ils en ramèneront la médaille d’or. Avec ou sans le mot Russia floqué sur leurs tenues de joueurs.
Ilya Kovalchuk, le capitaine de la sélection russe, un ailier de 34 ans passé par Atlanta et le New Jersey en NHL, avant de poser sa crosse sur la glace de l’équipe de Saint-Pétersbourg en ligue russe (KHL), l’a expliqué cette semaine en marge d’un tournoi de préparation à Moscou. Une voix sportive dans un débat jusque-là dominé par les dirigeants politiques. Un éclairage nouveau dans une affaire à l’issue encore incertaine. Intéressant.
A la question de savoir si la Russie se présenterait en position de favorite aux Jeux de PyeongChang 2018, malgré l’incertitude sur son effectif, Ilya Kovalchuk répond sans chercher ses mots: « Favoris, nous le sommes toujours. » Même ton catégorique pour exprimer les ambitions de la sélection: « Nous sommes en forme, nous serons prêts. Et nous n’avons pas le moindre doute quant à nos chances de victoire. Aux Jeux de PyeongChang, la Russie ne pourra pas gagner la médaille d’or, mais ses athlètes pourront le faire pour elle. »
A l’heure où un comité d’experts, piloté par l’ex ministre française des Sports Valérie Fourneyron, se prépare à faire le tri parmi les candidats russes à une participation aux Jeux, les hockeyeurs patinent sans regarder sur les côtés. La couleur de leur maillot, objet d’une bataille entre les dirigeants russes et le CIO (les premiers veulent imposer le rouge, le second hésite)? Ils s’en moquent.
L’appellation pour le moins étrange d’Athlètes olympiques de la Russie, que le CIO a sortie de son chapeau pour désigner les futurs sélectionnés? Ils s’en amusent. Commentaire d’Ilya Kovalchuk: « Cela n’a aucune importance. Les gens sauront très bien d’où nous venons. Le drapeau russe n’a pas besoin de flotter au-dessus de la glace. Il est dans nos cœurs. »
A Moscou, jeudi 14 décembre, la Russie a dominé la Suède 3 buts à 1. Une victoire sans enjeu, certes, mais révélatrice de la force et du potentiel d’une sélection russe privée des joueurs de la NHL. La Suède compte en effet parmi les favorites pour le titre olympique.
La dernière médaille d’or de la Russie en hockey-sur-glace remonte aux Jeux d’Albertville en 1992. Elle portait alors le nom d’Equipe unifiée, après l’éclatement du bloc soviétique. Depuis, son meilleur résultat, une médaille d’argent, remonte aux Jeux de Nagano en 1998. A Sotchi, en 2014, sa défaite face à la Finlande en quart-de-finale, sous les yeux de Vladimir Poutine, avait été vécue comme une humiliation nationale.
A moins de deux mois de l’ouverture des Jeux de PyeongChang, le profil de la sélection russe reste flou. Les dirigeants de la KHL, la ligue professionnelle russe, n’ont pas encore officiellement donné leur vert à la participation de leurs joueurs. Mais la tendance penche du bon côté.
Précision: le rapport McLaren sur les manipulations des échantillons des athlètes russes aux Jeux de Sotchi 2014 ne mentionne aucun nom de joueurs de hockey-sur-glace.
Aux Jeux de PyeongChang, les hockeyeurs russes ne joueront pas sous leur drapeau, mais ils le feront malgré tout pour leur pays. Ils n’en seront que plus redoutables.