Surréaliste. Sept spécialistes russes de bobsleigh et skeleton, sanctionnés par le CIO pour dopage et exclus à vie des Jeux olympiques, ont été autorisés par leur propre fédération internationale à concourir sur le circuit mondial. Bannis d’un côté, blanchis de l’autre. Allez comprendre.
La chronologie des faits se révèle cocasse. Elle débute en novembre 2017, avec l’annonce par le CIO de la disqualification a posteriori de 7 Russes, dont le champion olympique en titre de skeleton, Alexander Tretiakov. Cités dans le rapport McLaren sur le dopage en Russie, ils sont déclarés bannis à vie des Jeux après examen de leur cas par la commission Oswald.
La Fédération internationale de bobsleigh et de skeleton (IBSF) décide alors de prendre la seule décision à prendre en pareille situation. Elle s’aligne sur la position du CIO et suspend provisoirement les athlètes sanctionnés. Mais, surprise, sa commission antidopage prend le contre-pied de cette suspension.
Début décembre, elle jette un pavé dans la mare en levant la suspension provisoire. Elle explique, pour se justifier, ne pas avoir trouvé dans les documents fournis par le CIO assez de preuves flagrantes de l’implication des bobeurs et spécialistes du skeleton dans le système de dopage institutionnalisé en Russie.
Pas mal. Mais le meilleur, ou le pire, est à venir. L’IBSF a fait appel devant le TAS de la décision de sa propre commission antidopage. Contre toute attente, les juristes du tribunal basé à Lausanne se sont déclarés, jeudi 4 janvier, « incompétents » à prononcer un avis sur ce dossier. Résultat: les 7 athlètes russes bannis des Jeux olympiques sont autorisés à participer aux épreuves de l’IBSF, à commencer par les étapes de la Coupe du Monde.
Exemple: Elena Nikitina (photo ci-dessus). Médaillée de bronze en skeleton aux Jeux de Sotchi, mais disqualifiée par le CIO au mois de novembre dernier, elle a remporté en décembre une étape de la Coupe du Monde disputée à Innsbruck (Autriche), course qui attribuait également le titre de championne d’Europe.
Pour rappel, le CIO a sanctionné 43 sportifs russes, bannis à vie des Jeux, dans le cadre des travaux de la commission Oswald sur le dopage en Russie. Vingt-cinq d’entre eux ont fait appel devant le TAS.
Précision: le principal partenaire privé de l’IBSF est l’entreprise russe Gazprom.