C’est fait. Enfin. A un mois pile, au jour près, de l’ouverture des Jeux de PyeongChang 2018, la Corée du Nord a apporté la démonstration que la trêve olympique n’était pas seulement un concept vide de sens. Au terme d’une intense demi-journée de discussions à la Maison de la paix de Panmunjom, ce mardi 9 janvier, ses représentants ont accepté d’envoyer une délégation d’athlètes aux prochains Jeux d’hiver.
La nouvelle est tombée peu après l’heure du déjeuner, en heure locale. A 14 heures et une poignée de minutes, le Sud a fait savoir que le Nord serait présent le 9 février pour l’ouverture des Jeux de PyeongChang 2018. Une annonce historique. La preuve du rôle parfois déterminant joué par le sport et ses grands événements dans les relations diplomatiques.
La matinée avait débuté par un échange de poignées de mains réglé comme une parade militaire (photo ci-dessus). A 10 heures, les deux camps se sont retrouvés dans la Maison de la paix, une bâtisse passée à la postérité pour avoir été le témoin des accords mettant fin dans les années 50 à la guerre de Corée. D’un côté de la table, le Sud. En face, le Nord.
« Je suis venu ici avec l’espoir de voir les deux Corée tenir des pourparlers de manière sérieuse et sincère dans le but d’offrir des résultats précieux au peuple coréen« , a déclaré Ri Son-gwon, le chef de la délégation nord-coréenne, en guise de discours d’ouverture, allant jusqu’à suggérer que le peuple en question attendait de cette historique entrevue le « premier cadeau de la nouvelle année« .
Réplique nettement plus sobre du Sud, prononcée par Cho Myoung-gyon, le ministre de l’Unification: « Les pourparlers ont débuté après une longue rupture des relations intercoréennes. J’espère que les deux parties mèneront les discussions avec détermination et persévérance. »
Quelques heures plus tard, les faits ont suivi les paroles. Selon l’agence de presse Yonhap, la Corée du Sud a proposé que les deux pays défilent ensemble lors des cérémonies d’ouverture et de clôture, sous le drapeau d’une Corée unifiée. Séoul a également suggéré l’envoi à PyeongChang d’un groupe de supporteurs nord-coréens.
En face, les envoyés de Pyongyang ont fait savoir que la Corée du Nord serait représentée aux Jeux d’hiver par une délégation composée d’officiels de haut rang et d’athlètes, mais également d’une troupe d’artistes et de plusieurs journalistes. Une équipe de taekwondo pourrait également faire le voyage, pour se produire en marge des Jeux lors d’une démonstration.
La Corée du Nord participera donc aux Jeux olympiques d’hiver pour la première fois depuis Vancouver en 2010. Avec quels représentants athlètes? A ce jour, le pays ne compte aucun athlète officiellement qualifié pour les épreuves olympiques. Son couple de patineurs artistiques avait décroché un quota lors d’une épreuve de sélection l’an passé en Allemagne. Mais le comité olympique nord-coréen a laissé passer la date limite du 31 octobre 2017, fixée par l’ISU pour l’inscription aux Jeux.
La balle est maintenant dans le camp du CIO. L’institution olympique dispose de la possibilité d’inviter des athlètes non qualifiés via le processus des fédérations internationales. Elle le fera pour les Nord-Coréens, sans doute avec largesse et bienveillance. Le CIO a annoncé qu’il se montrerait « le plus flexible possible ». Pas question, en effet, de ralentir le cours de l’histoire et se priver d’une telle opportunité de démontrer la force des Jeux et la magie de l’idéal olympique.
Chang Ung, l’unique membre nord-coréen du CIO, se trouve actuellement à Lausanne. Il devrait rencontre Thomas Bach, peut-être dès aujourd’hui, au plus tard mercredi 10 janvier, pour discuter des détails concrets de la participation de son pays aux prochains Jeux d’hiver.