Après Panmunjom, Lausanne. Après la Maison de la paix dans le village coréen, le Château de Vidy sur les bords du lac suisse. Le feuilleton de la participation de la Corée du Nord aux Jeux de PyeongChang 2018 s’apprête à changer de décor. Avec un nouvel acteur dans le rôle principal.
Le CIO l’a annoncé mercredi 10 janvier via un court communiqué: une réunion quadripartite sera organisée samedi 20 janvier à Lausanne, pour régler les détails logistiques et pratiques de la présence d’une délégation nord-coréenne dans moins d’un mois aux Jeux d’hiver.
Elle rassemblera autour de la table des représentants du comité d’organisation des Jeux de PyeongChang, des comités nationaux olympiques des deux Corée, les membres coréens du CIO. Elle sera présidée par Thomas Bach, visiblement déterminé à reprendre la main sur un dossier hautement politique et terriblement médiatique.
Le casting final n’est pas encore tout à fait connu. Mais il semble acquis que le seul membre sud-coréen du CIO, l’ancien pongiste Ryu Seung-min, élu à la commission des athlètes à l’occasion des Jeux de Rio 2016, sera présent. Il a expliqué à l’agence de presse Yonhap sa décision d’assister à la réunion, « à la demande de Thomas Bach ».
En revanche, la présence de son homologue du Nord, Chang Ung, paraît douteuse. Le dirigeant nord-coréen s’est entretenu avec Thomas Bach mercredi 10 janvier à Lausanne. Il aurait précisé à un correspondant de Yonhap en Suisse qu’il ne participerait pas à la réunion du 20 janvier.
Au menu des réjouissances, une longue liste de sujets où la diplomatie se mêlera à la logistique. Citons, en vrac, le nombre d’athlètes nord-coréens engagés dans les épreuves olympiques, la couleur des tenues officielles des deux délégations, les hymnes et les drapeaux, le transport de Pyongyang à PyeongChang, le logement au village des athlètes (ou ailleurs)… La journée s’annonce longue.
Précision: la réunion au sommet entre les deux Corée et le CIO sera précédée d’une série d’échanges, a priori tout aussi concrets, de représentants des deux voisins de la péninsule. Selon une source au ministère de l’Unification à Séoul, les deux Corée ont prévu au moins une réunion « de haut niveau » avant de se rendre à Lausanne à l’invitation du CIO. Une façon très pragmatique de préparer le terrain. La question du transport, notamment, devrait être abordée, avec l’objectif de déterminer la route la plus sûre pour rejoindre les Jeux.
Autre dossier : les athlètes. A ce jour, les deux seuls Nord-Coréens ayant gagné leurs billets sur le terrain se nomment Ryom Tae-ok et Kim Ju-sik. Associés dans l’épreuve des couples, les deux patineurs ont décroché un quota olympique en fin d’année passée lors d’une épreuve de sélection en Allemagne. Depuis, le comité olympique nord-coréen n’a pas jugé pertinent de les inscrire auprès de l’ISU avant la date limite du 31 octobre 2017. Mais l’organisation internationale a précisé, mercredi 10 janvier, que les deux patineurs artistiques avaient « rempli tous les critères techniques nécessaires » à leur participation aux Jeux. Ils seront donc à coup sûr du voyage.
Pour le reste, il se dit que le reste de la délégation pourrait être composé de skieurs, patineurs de vitesse et de l’équipe féminine de hockey-sur-glace. Le site Insidethegames croit savoir que cette dernière équipe pourrait compter des joueuses issues des deux Corée.
Enfin, la question du protocole s’annonce complexe. A Panmunjon, mardi 9 janvier, le Sud a proposé au Nord que les deux délégations défilent ensemble à la cérémonie d’ouverture. Le Nord n’a pas immédiatement répondu. Dans une telle hypothèse, quel drapeau serait choisi? Et quels uniformes?
A Séoul, le sujet est déjà débattu. Mais la solution n’est pas simple à trouver. Selon les médias nationaux, les tenues officielles dessinées pour les Jeux présentent une allure beaucoup trop sud-coréenne pour convenir à un défilé commun. Il faudrait donc les refaire. Mais elles sont déjà prêtes. Et le temps presse.