Historique. Symbolique. Pacifique. Mais, avouons-le, encore un peu flou. Les deux voisins coréens ont scellé mercredi 17 janvier, dans le village frontalier de Panmunjom, leur nouvelle entente cordiale en acceptant le principe d’un défilé commun à la cérémonie d’ouverture des Jeux de PyeongChang 2018. Un rapprochement qui pourrait être prolongé, sur la glace, par une équipe féminine de hockey formée de joueuses issues des deux pays.
L’avancée est spectaculaire. Le mois dernier, la participation de la Corée du Nord aux Jeux de PyeongChang tenait encore de la fiction. Un jour oui, le lendemain non. Aujourd’hui, elle ne fait plus aucun doute. Seuls les détails restent à régler.
Le défilé. Il sera donc commun aux deux Corée. Leurs athlètes et officiels entreront les derniers dans le stade de PyeongChang, vendredi 9 février, au moment le plus attendu de la cérémonie d’ouverture. Un buzz planétaire en perspective. Thomas Bach et le CIO peuvent se frotter les mains: les Jeux feront l’événement. On en oubliera l’absence de la Russie, le rapport McLaren, les affaires de corruption et tout le tintouin.
La délégation marchera derrière un drapeau de l’unification coréenne, bleu et blanc. Tout un symbole. En revanche, la question des tenues vestimentaires doit encore être réglée. Un uniforme différent pour les deux pays? Un seul pour l’ensemble de la délégation? A discuter.
En soi, le défilé commun n’est pas exceptionnel. Les deux Corée avaient marché d’un même pas aux Jeux de Sydney en 2000, Athènes en 2004, puis Turin en 2006. Mais ils n’avaient plus accepté de le faire depuis les Jeux Asiatiques d’hiver en 2007, disputés à Changchun, en Chine.
Leur entrée dans le stade s’annonce grandiose. Mais il n’est pas certain qu’elle soit accompagnée d’un tonnerre de hourras. Un sondage réalisé mercredi 17 janvier à Séoul, auprès de 500 personnes, révèle que seulement 4 Sud-Coréens sur 10 se déclarent favorables à un défilé commun derrière un drapeau de l’unification.
L’équipe de hockey-sur-glace. Sur le principe, les deux pays sont tombés d’accord. Une équipe coréenne pourrait participer au tournoi olympique féminin de hockey-sur-glace. Symbolique, là aussi. Et forcément très médiatique. Mais la concrétisation de cette avancée diplomatique pourrait s’avérer complexe.
En Corée du Sud, l’entraîneur de la sélection féminine, la Canadienne Sarah Murray, ne voit pas l’idée d’un très bon oeil. Elle estime injuste de devoir retirer des joueuses de son équipe pour laisser la place à une poignée de Nord-Coréennes. Elle craint la « distraction » occasionnée par un tel bouleversement dans la préparation.
Il semble acquis, à une vingtaine de jours du début des Jeux, que Sarah Murray conservera la main sur la sélection des joueuses. Elle ne souhaite pas tailler dans ses effectifs. Le CIO autorisera-t-il l’équipe coréenne unifiée à compter plus de 23 joueuses? Pas sûr.
La délégation. Les chiffres les plus divers circulent déjà entre Pyongyang, Séoul et Lausanne. Il se raconte que la délégation nord-coréenne pourrait compter jusqu’à 550 personnes, médias et supporteurs compris. Il se dit également que Pyongyang aurait déjà prévu d’envoyer une équipe de 150 personnes aux Jeux paralympiques.
Selon les dernières informations relayées par les médias coréens, une troupe de 230 pom pom girls à la sauce nord-coréenne serait incluse dans le voyage. Un groupe d’une trentaine de spécialistes du taekwondo serait également prévu. Il participerait à une série de démonstrations en marge des Jeux.
En revanche, le flou domine quant au nombre d’athlètes engagés dans les épreuves olympiques. Les médias nord-coréens s’accordent à estimer qu’il sera difficile d’aller plus haut que 10 sélectionnés, même en raclant les fonds de tiroirs.
La question sera au centre des discussions de la réunion à quatre prévue samedi 20 janvier à Lausanne. Thomas Bach s’installera en bout de table. Autour, les représentants des comités olympiques nord et sud-coréen, quelques envoyés du comité d’organisation des Jeux de PyeongChang, et les deux membres coréens du CIO, Chang Ung pour le Nord, Ryu Seung Min pour le Sud. Les débats devraient tourner, pour l’essentiel, autour des critères de sélection des athlètes nord-coréens. Le reste a déjà été réglé par les deux pays.