Claude Onesta a rendu sa copie. Sans grande surprise, elle ne fait pas dans la dentelle. L’ancien sélectionneur de l’équipe de France de handball avait été chargé par le ministère français des Sports de conduire une étude sur les moyens de doubler le nombre de médailles aux Jeux de Paris 2024. Il a consulté, écouté, analysé. Verdict: un document de 33 pages, rendu public mardi 30 janvier, où l’état des lieux du sport de haut niveau français révèle plusieurs zones d’ombre.
Pour Claude Onesta, la France peut sans doute rêver aux 80 médailles aux Jeux de Paris 2024, objectif annoncé par Laura Flessel, la ministre des Sports, peu après son retour de la session du CIO à Lima. Mais elle devra avant cela se contenter d’une étape moins glorieuse. En clair, une certaine stagnation de ses résultats aux Jeux de Tokyo 2020 (45 médailles), avant de toucher le jackpot quatre ans plus tard à domicile.
« Nous sommes en train de décrocher dans des disciplines fortement pourvoyeuses de médailles, pointe l’ancien patron de l’équipe de France de handball. On espère que ces faibles résultats seront temporaires, mais dans certains cas ils semblent devoir durer… On peut citer le judo masculin derrière Teddy Riner, la natation course, et bien d’autres. La situation est beaucoup plus préoccupante côté paralympique, où la France semble devoir reculer du 12e au 18e rang mondial entre 2016 et 2017. »
Le rapport de Claude Onesta ne ménage personne. Son analyse pointe les manquements des fédérations sportives sur les « gains marginaux », en premier lieu la préparation mentale ou l’innovation technologique. Le sport français en aurait sous-estimé l’importance. Autre point noir: l’INSEP (Institut national du sport, de l’expertise et de la performance), jugé désormais peu adapté aux sportifs de très haut niveau.
Pour combler le retard, Claude Onesta liste 14 préconisations. En tête de liste, la création d’un nouveau statut d’athlètes « haute performance », censé assurer aux potentiels médaillés olympiques les moyens d’atteindre leurs objectifs. En accédant à ce statut, l’athlète et son entraîneur pourront « bénéficier d’un niveau de revenus minimum décent et d’un statut d’assuré social indispensable pour eux et leur famille. »
Les athlètes seraient sélectionnés au sein de leur fédération par leur « directeur de performance », une nouvelle fonction préconisée par la mission Onesta. Leur statut sera validé par la structure « Performance 2024″, dont la création avait été annoncée la veille par Laura Flessel à l’occasion de sa cérémonie des voeux. Présidée par Claude Onesta, la structure « Performance 2024 » devrait compter une dizaine de personnes, issues de l’INSEP et de la direction des sports du ministère.