L’affaire semblait classée et le danger écarté. Le sujet avait même quitté l’actualité. Il vient d’y revenir. Tordant le cou aux dernières prévisions, la gouverneure de Tokyo, Yuriko Koike, a révélé que la facture des Jeux d’été en 2020 allait certainement remonter en haute altitude. Elle a dévoilé ses chiffres. Ils font froid dans le dos.
Déterminée à « dire la vérité aux habitants », selon ses propres termes, Yuriko Koike a annoncé que la facture finale des Jeux de Tokyo 2020 atteindrait sans doute les 20 milliards de dollars (16 milliards d’euros au cours actuel). Cher, très cher. Pour rappel, l’équipe de candidature avait prédit lors de sa campagne victorieuse, en 2013, que l’événement olympique et paralympique coûterait entre 5 et 6 milliards d’euros.
Depuis, la facture des Jeux n’a plus cessé de jouer au yoyo. Au plus fort de la crise, elle a approché les 30 milliards de dollars, donnant des sueurs froides au CIO. Effrayée par les montants, Yuriko Koike a alors mis son nez dans les dossiers. La gouverneure de Tokyo a recomposé le dispositif des sites, éloignant plusieurs équipements, réduisant la taille de certains autres. La facture a baissé. En novembre dernier, le comité d’organisation et le CIO ont annoncé d’une même voix, non sans fierté, avoir encore taillé dans les dépenses de construction, jusqu’à réaliser une économie de 312 millions d’euros.
Le pire semblait évité, donc. A tort. Selon Associated Press, Yuriko Koike a profité d’une conférence de presse en fin de semaine passée pour refroidir l’optimisme général. Elle a annoncé que la capitale japonaise aurait certainement à doubler, voire plus, ses prévisions de dépenses olympiques au cours des 3 années à venir. La gouverneure a donné des détails, citant des coûts supplémentaires pour rendre accessibles de nombreux équipements urbains, former les volontaires, ou encore déployer une vaste campagne de promotion des Jeux et du tourisme à Tokyo.
Sans grande surprise, cette nouvelle inflation a été froidement accueillie au CIO et au comité d’organisation des Jeux de 2020. Les deux camps contestent les chiffres de la gouverneure, assurant que les dépenses citées ne sont pas directement liées aux prochains Jeux d’été. « Il s’agit de dépenses administratives normales, qui ne peuvent pas être affectées au budget des Jeux », argumente le CIO.
Peut-être. Mais les prévisions de la gouverneure de Tokyo relancent le débat sur l’inflation du coût des Jeux. Elles interviennent à un moment plutôt mal choisi pour le CIO, engagé dans une phase de « dialogue » avec les villes potentiellement intéressées par l’organisation des Jeux d’hiver en 2026. A chacune d’elles, l’institution olympique répète comme un refrain que l’Agenda 2020 permet désormais de recevoir l’événement sans casser sa tirelire. Pas sûr que le discours soit jugé très convaincant.