La boxe restera-t-elle un sport olympique? La question aurait pu ne jamais se poser. Elle est pourtant aujourd’hui d’une brûlante actualité. Thomas Bach, le président du CIO, a brandi sur le noble art la menace d’un retrait des Jeux, dimanche, lors de sa première conférence de presse aux Jeux de PyeongChang.
Quelques jours plus tôt, le CIO s’était déclaré « extrêmement préoccupé » par la désignation de Gafur Rakhimov, un homme d’affaires ouzbek dont les activités sont liées au grand banditisme, comme président par intérim de l’AIBA. L’organisation olympique avait précisé que le dossier de la boxe serait examiné par sa commission exécutive. Il l’a été. Et les débats n’ont fait sourire personne.
« Nous sommes extrêmement inquiets à propos de la gouvernance de l’AIBA« , a confié Thomas Bach, dimanche 4 février, dans la salle de conférence du centre des médias des Jeux de PyeongChang 2018.
Inquiets, le mot est faible. A en croire un communiqué très officiel du CIO, Thomas Bach et ses collègues de la commission exécutive ne se sont pas contentés de soupirer en découvrant les états de service du nouveau boss de l’AIBA, présenté par le Département d’Etat américain comme un parrain du trafic d’héroïne. Ils ont rédigé noir sur blanc un ensemble de mesures dont aucun président de fédération internationale ne voudrait voir le contenu de son vivant. Elles tiennent en 7 points:
- La commission exécutive n’est pas satisfaite du rapport préparé par l’AIBA concernant sa gouvernance, les questions financières, l’arbitrage et la lutte contre le dopage. Aussi maintient-elle sa décision prise le 6 décembre 2017.
- La commission exécutive confirme l’ouverture d’une enquête sur la gouvernance au sein de l’AIBA par le chef de la commission éthique et conformité du CIO.
- La commission exécutive suspend tous les versements destinés à l’AIBA, y compris ceux en lien direct avec la boxe prévus par la Solidarité Olympique.
- La commission exécutive gèle tous les contrats passés avec l’AIBA, à l’exception de ceux nécessaires sur le plan pratique à la mise en œuvre des décisions prises par le CIO.
- La commission exécutive exige de l’AIBA qu’elle prépare un autre rapport d’ici au 30 avril 2018.
- La commission exécutive réaffirme que les décisions du CIO concernant le nombre des épreuves et des athlètes pour les Jeux Olympiques de Tokyo 2020 sont finales.
- Le CIO se réserve le droit de revoir l’inscription de la boxe au programme des Jeux Olympiques de la Jeunesse de Buenos Aires 2018 et des Jeux Olympiques de Tokyo 2020.
Le message est clair et la menace précise. Il est demandé à l’AIBA de présenter un nouveau rapport devant la commission exécutive du CIO le 30 avril prochain. Présente dans le programme olympique depuis les Jeux de Saint-Louis en 1904, la boxe pourrait en sortir par la petite porte.