Thomas Bach l’a suggéré. La commission exécutive l’a recommandé. Puis le CIO tout entier l’a accepté. Sauf mauvais scénario, l’Afrique verra bientôt le drapeau olympique s’élever dans son ciel. Mais le continent devra patienter avant de recevoir les premiers Jeux de son histoire.
En guise de hors d’oeuvre, ou de test grandeur nature, le CIO lui sert sur un plateau un événement olympique, un vrai, mais aux dimensions plus modestes: les Jeux de la Jeunesse. Une date a déjà été choisie: l’été 2022. Thomas Bach s’en est expliqué mercredi 7 février, au terme de la session du CIO: « Après le double vote 2024-2028, il faut maintenant attendre 2032 ou 2036 pour une éventuelle candidature de l’Afrique aux Jeux d’été. Cela fait long. Les JOJ peuvent permettre de patienter. L’Afrique est la terre natale de tant et tant de grands athlètes olympiques, elle est peuplée de jeunes. »
La machine est lancée. Au cours des prochaines semaines, le CIO sollicitera plusieurs comités nationaux olympiques africains pour « étudier avec eux la faisabilité de mettre sur pied l’édition 2022 des Jeux de la Jeunesse. » A chacun des pays intéressés, il sera proposé d’utiliser des installations existantes, sous réserve qu’il en possède, et d’envisager des sites de compétition temporaires et abordables.
Au CIO, la résolution a été saluée comme une forme de victoire par les membres issus du continent. L’Éthiopienne Dagmawit Berhane a parlé d’un « rêve » pour la jeunesse africaine. La Marocaine Nawal El Moutawakel a évoqué « une formidable lueur d’espoir pour l’Afrique. »
Les autres continents sont prévenus: inutile de lorgner sur les JOJ 2022. Ils seront africains. Une saine rotation des continents, après l’Asie (Singapour 2010, Nankin 2014) et l’Amérique du Sud (Buenos Aires 2018).
Reste l’essentiel: dénicher un candidat digne de foi. Le Maroc a souvent levé le doigt, mais le pays est actuellement lancé dans une campagne de candidature à la Coupe du Monde de football en 2026. Pas certain qu’il ait envie de courir deux lièvres à la fois.
L’Afrique du Sud a également régulièrement manifesté son intérêt. Mais son retrait de l’organisation des Jeux du Commonwealth 2022, initialement attribués à Durban, enveloppe d’un doute ses réelles ambitions olympiques.
A PyeongChang, le Sénégal a pris publiquement position. Mamadou Ndiaye, le président du comité olympique, par ailleurs membre du CIO, a étalé ses cartes. « Dès que nous aurons reçu le cahier des charges, nous sommes prêts à nous porter candidats, a-t-il assuré pendant la session de l’organisation olympique. Nous avons récemment rénové ou construit beaucoup d’installations sportives et d’infrastructures. »
Une façon de prendre les devants. Et même, qui sait, de tuer dans l’œuf la concurrence. Mais le CIO devra faire vite pour solliciter les candidatures. Et il faudra au Sénégal aller plus rapidement encore pour monter un dossier digne de ce nom. Thomas Bach l’a expliqué: le CIO souhaite attribuer l’organisation des Jeux de la Jeunesse d’été 2022 lors de sa prochaine session, prévue en marge des JOJ à Buenos Aires, en octobre 2018. Plus de temps à perdre.