Les choses sont claires, elles ne changeront plus: le CIO veut en finir avec les budgets des Jeux à multiples zéros et les ardoises sans fin. Priorité aux économies. A tous les étages. Avec une obsession: changer la perception de l’événement olympique auprès du grand public.
La semaine passée, la 132ème session du CIO a adopté sans un toussotement un vaste plan de réformes, baptisé « Nouvelle norme », destiné à fournir aux organisateurs des Jeux tous les outils pour tailler dans les dépenses. Au total, pas moins de 118 mesures. Avec, pour les élèves les plus appliqués, la perspective alléchante de gagner jusqu’à 1 milliard de dollars sur la facture finale (500 millions pour les Jeux d’hiver).
Fier de sa trouvaille, le CIO a réuni trois de ses membres, ce mardi 13 février au centre des médias des Jeux de PyeongChang, pour en expliquer l’intérêt et la pertinence à un groupe de journalistes internationaux. L’Australien John Coates, la Suédoise Gunilla Lindberg et le Français Tony Estanguet se sont partagés le temps de parole. A leurs côtés, le Suisse Christophe Dubi, directeur des Jeux olympiques au CIO.
Dans le discours, rien de très nouveau. Une volonté d’être désormais « partenaires » des organisateurs des Jeux. Une détermination à tenir compte du contexte particulier de chaque édition olympique. L’obligation imposée aux candidatures de détailler l’héritage que les sites laisseraient dans la ville ou le pays avant même d’envisager la moindre nouvelle construction. Christophe Dubi résume: « Les Jeux doivent s’adapter aux particularités d’une ville, et non plus le contraire. Le changement est crucial. »
John Coates l’a expliqué en préambule: Paris 2024 sera le premier chantier à profiter de cette « Nouvelle norme ». A condition, toutefois, de débusquer dans un budget déjà réduit à son quasi minimum des zones où tailler dans le gras. De son propre aveu, Tony Estanguet en doute, même s’il se félicite de l’initiative du CIO.
John Coates va plus loin. Il assure que les Jeux de Tokyo pourraient déjà bénéficier des mesures proposées par le CIO. Ou? Comment? Mystère. L’Australien se refuse à avancer des chiffres. « Les organisateurs des Jeux ont réussi à économiser 2,5 milliards de dollars, a expliqué John Coates. Aujourd’hui, l’argent n’est plus un souci pour eux. Leur programme de marketing national rencontre un succès phénoménal. Mais nous continuons à les pousser à réduire encore les coûts. Et nous avons quelques idées sur la façon d’y parvenir. »
Pas question de relâcher la pression sur des organisateurs japonais dont les performances en termes de sponsoring sont pourtant en train de redéfinir les règles du genre. Avec plus de 40 partenaires ou supporteurs officiels, Tokyo 2020 approche à bonne vitesse de la barre des 3 milliards de dollars de revenus issus du marketing. Un résultat trois fois supérieur aux plus performantes des éditions précédentes des Jeux.
Pour le reste, le CIO peine encore à muscler son discours de rigueur par des exemples concrets. Interrogé sur une possible réduction du nombre d’athlètes, John Coates en écarte l’idée. « Aujourd’hui, la limite a été fixée à 10.500 athlètes, plus 200 supplémentaires pour les nouveaux sports proposés par le comité d’organisation, dit-il. A l’avenir, peut-être en viendrons nous à 10.300 plus 200. »
Seule certitude: il ne sera plus demandé aux villes candidates de casser leur tirelire pour construire un site de compétition à l’avenir incertain. Pour l’hiver, par exemple, il sera possible à une candidature de se passer d’une piste de bobsleigh, luge et skeleton. « Les épreuves pourront se faire à l’étranger », explique le CIO. Pour les Jeux de 2026, Sion envisage de faire disputer le patinage de vitesse sur un anneau en Allemagne ou aux Pays-Bas. Stockholm, de son côté, proposera de délocaliser la luge, le bob et le skeleton en Lettonie.