Les deux Corée ont défilé d’un même pas et sous un drapeau unifié, vendredi dernier, à la cérémonie d’ouverture des Jeux de PyeongChang. Pour le monde entier, une formidable image de paix. Pour le mouvement olympique, un coup de projecteur inespéré. Mais pour le gouvernement sud-coréen, une addition salée.
Au moment où les rafales de vent contraignaient les organisateurs à repousser une nouvelle épreuve de ski alpin, le slalom féminin, ce mercredi matin à PyeongChang, les autorités politiques sud-coréennes ont accepté de payer la note du séjour de la délégation de Corée du Nord aux Jeux. Elle devrait se monter à 2,6 milliards de wons, soit 1,95 million d’euros. Plutôt cher, même si le jeu en valait largement la chandelle.
En invitant la Corée du Nord à envoyer une forte délégation aux Jeux d’hiver 2018, Moon Jae-in s’était montré très clair: Séoul réglerait la facture. Mais le président sud-coréen ne s’attendait peut-être pas à un tel déploiement de forces.
Au total, la délégation nord-coréenne a rassemblé 424 personnes. En tête de liste, Kim Yo-jong, la soeur cadette de Kim Jong-un, le leader du régime. Avec elle, une cohorte d’officiels, une brigade de gardes du corps, une troupe de 229 pom-pom girls, un orchestre au grand complet, une vingtaine de journaliste et une équipe de taekwondo. Pour rappel, la délégation nord-coréenne aux Jeux de PyeongChang compte 22 athlètes.
Selon les règles en usage aux Jeux, le CIO prend à sa charge le séjour des athlètes et de leur encadrement. Le gouvernement sud-coréen devra payer le reste.
La note finale sera connue après la fin des Jeux, lorsque la très médiatique troupe de « reines de beauté » envoyée par Pyongyang aura libéré ses chambres d’hôtel. Mais il est déjà acquis que le plus gros des dépenses, environ la moitié, concerne le logement et la restauration. Séoul n’a rien refusé au voisin nord-coréen. Ses envoyés les plus spéciaux ont posé leurs valises dans un palace à l’ouest de la capitale, le Grand Walkerhill, un 5 étoiles où la presse sud-coréenne se souvient avoir déjà aperçu Paris Hilton et Michael Jackson.
Autre imposant poste budgétaire: les billets pour les épreuves. Le Japan Times rapporte que les entrées dans les sites de compétition pourraient coûter environ 1 milliard de wons, soit 750.000 euros. A elles seules, les pom-pom girls nord-coréennes en ont sans doute consommé une bonne moitié. Elles sont partout depuis le début des Jeux. Et elles se déplacent toujours en masse.
La Corée du Sud avait déjà dû régler la note d’une délégation nord-coréenne, aux Jeux Asiatiques en 2002, dans le port de Busan. Elle s’élevait alors à 1,35 milliards de wons, soit environ 1 million d’euros, pour 650 personnes. Mais les « reines de beauté » de l’époque avaient dormi et pris tous leurs repas à bord d’un ferry. Les temps changent.