Drôle d’affaire. Adam Pengilly, 40 ans, membre du CIO depuis les Jeux de Vancouver en 2010, ex médaillé mondial en skeleton, a quitté PyeongChang et la Corée du Sud dix jours avant la fin de son mandat. L’organisation olympique lui a montré la porte. Le Britannique est exclu de l’événement pour avoir dérapé. Une première.
Selon un communiqué très énigmatique du CIO, envoyé aux médias jeudi 15 février en fin de soirée, le départ immédiat d’Adam Pengilly serait consécutif à un incident avec un agent de sécurité. Les faits s’avèrent assez obscurs. Ils naviguent entre deux versions.
Selon les médias sud-coréens, le Britannique aurait sérieusement secoué un agent de sécurité des Jeux de PyeongChang à proximité du centre principal de presse, sur le site d’Alpensia. Adam Pengilly marchait sur la voie des bus. Le Sud-Coréen lui aurait demandé d’emprunter le trottoir. Il s’en serait suivi un échange assez musclé, au cours duquel le ton serait monté, surtout de la part du membre du CIO. Adam Pengilly aurait insulté l’agent de sécurité, lui criant qu’il ne pourrait plus jamais travailler en Corée du Sud si son manager apprenait l’incident. Il l’aurait même frappé et envoyé au sol.
La version du Britannique est évidemment très différente. Interrogé en fin de soirée par le site Insidethegames, Adam Pengilly n’a pas nié l’existence d’un incident. Il reconnait avoir été interpellé par un agent de sécurité alors qu’il marchait au mauvais endroit. Mais il conteste avoir frappé, insulté ou même secoué le Sud-Coréen. « Il a voulu prendre en photo mon accréditation, dit-il. J’ai demandé à voir son responsable. Il n’a pas voulu. J’ai continué ma route. Il m’a demandé de m’arrêter, je ne l’ai pas fait. Et je ne me suis pas retourné. Tout cela a duré 30 secondes. »
Adam Pengilly a tenu à adresser ses excuses à l’agent de sécurité. Il l’a fait par écrit. Il admet avoir commis une erreur, mais il ne reconnait pas avoir physiquement agressé son interlocuteur.
L’incident aurait pu en rester là. Il aurait même pu ne jamais être connu. Mais le CIO l’a révélé lui-même, un peu après 22 h 30, par un court communiqué dont les propos sont attribués à l’un de ses porte-paroles.
Le CIO écrit souhaiter « s’excuser pour le comportement de l’un de ses membres » et être « extrêmement désolé de l’incident provoqué par M. Adam Pengilly ». L’organisation olympique ajoute vouloir « une nouvelle fois remercier les autorités et la police pour leur excellent travail ».
Le CIO explique également que le Britannique a été entendu par sa commission d’éthique et de conformité, et « quittera les Jeux olympiques et la Corée du Sud avec effet immédiat. » Enfin, le CIO précise que le mandat d’Adam Pengilly, élu en 2010 pour 8 ans à la commission des athlètes, prendra fin le 25 février. Thomas Bach a également tenu à s’excuser personnellement auprès de l’agent de sécurité.
Les mots sont choisis. La sanction est immédiate. Adam Pengilly rend les clefs de sa chambre à l’hôtel Intercontinental. Il n’est plus le bienvenu dans la famille olympique. Selon nos informations, le CIO aurait en sa possession une vidéo de l’incident. Elle accréditerait la version de l’agent de sécurité.
Question: le CIO aurait-il agi avec la même fermeté avec un autre de ses membres, plus historique, et surtout moins contestataire? Depuis son élection aux Jeux de Vancouver, Adam Pengilly dérange au sein du mouvement olympique. Il se montre critique envers certaines décisions du CIO. Il avait même été le seul à voter contre le soutien de la session du CIO à la commission exécutive sur le dossier russe aux Jeux de Rio.
Adam Pengilly s’est souvent placé en opposant, à l’image du Canadien Dick Pound, au risque d’agacer Thomas Bach. Il aurait pu le faire encore une dizaine de jours. Désormais, on ne l’entendra plus.
Encore très récemment, le CIO n’a pas fait preuve de la même urgence à sanctionner deux de ses membres, l’Irlandais Patrick Hickey et le Brésilien Carlos Nuzman, tous deux soupçonnés de corruption. L’organisation avait évoqué la présomption d’innocence. Adam Pengilly n’a pas eu droit aux mêmes égards.