Le CIO a-t-il pris goût au double vote? Le coup gagnant tenté par Thomas Bach dans la course aux Jeux d’été sera-t-il répété pour les Jeux d’hiver? A priori, non. Mais rien n’est exclu.
Officiellement, la course aux Jeux d’hiver 2026 concerne seulement une édition olympique. 2026 et seulement 2026. Les villes intéressées doivent se déclarer auprès du CIO au plus tard ce samedi 31 mars 2018. Une lettre d’intention, rien de plus. Mais elle est annoncée comme une étape obligée pour se lancer dans la compétition.
Les Suisses de Sion, les Japonais de Sapporo, les Suédois de Stockholm, les Autrichiens de Graz/Schladming, les Canadiens de Calgary, devraient tous en être. L’Italie tentera elle aussi peut-être sa chance. Sur le papier, le casting a belle allure.
Pour la suite, attendons. Tel est, en substance, le message délivré par l’un des vice-présidents du CIO, Juan Antonio Samarach Jr. Le dirigeant espagnol a expliqué à Associated Press que le scénario d’un double vote 2026/2030 n’était pas envisagé. « Nous n’y pensons pas, nous n’avons aucun projet dans ce sens, a-t-il assuré. Nous n’avons actuellement aucune raison de pencher de ce côté. Il n’est pas question de modifier les règles à chaque fois. »
Juan Antonio Samaranch admet seulement qu’il faudrait des « circonstances exceptionnelles » pour envisager de répéter l’opération mise en place pour les Jeux 2024/2028. Par exemple, une course réduite à deux concurrents. Pas exclu à ce stade de la course.
Il n’empêche, certains signes laissent planer le doute. Le premier vient des Etats-Unis. Larry Probst, le président du comité olympique américain (USOC), fait savoir à qui veut l’entendre, en premier lieu au CIO, que trois villes sont intéressées par les Jeux de 2030: Denver, Reno et Salt Lake City. Il l’a même écrit au CIO. Une insistance à se déclarer très en amont de la campagne qui laisse penser que, pour les Américains, le scénario d’un double vote 2026/2030 n’est peut-être pas entièrement fictif.
Autre signe: la position des Norvégiens. Gerhard Heiberg, l’ancien patron des Jeux de Lillehammer en 1994, passé dans le clan des membres honoraires du CIO mais toujours très influent dans le mouvement olympique, joue actuellement un jeu subtil sur l’échiquier des candidatures.
« Nous discutons actuellement en Norvège si Lillehammer doit être candidate pour les Jeux d’hiver en 2026 ou en 2030, a expliqué Gerhard Heiberg à AP. La décision sera prise dans les prochains jours. Nous avons pu comprendre que le CIO aimerait beaucoup revenir à Lillehammer, mais 2026 pourrait être trop tôt pour nous. »
A en croire le dirigeant norvégien, son choix personnel le porterait à se lancer pour les Jeux en 2026, sans attendre quatre années supplémentaires. Mais Gerhard Heiberg l’admet: « Dans un pays comme la Norvège, il est obligatoire de respecter une certaine procédure. » En clair, présenter aux autorités politiques un plan détaillé, une vision claire et surtout un budget solide, avant d’avancer plus loin. Mais le temps risque de manquer aux porteurs du projet pour boucler cette phase d’étude et constituer un dossier convaincant.
Il n’empêche, Gerhard Heiberg insiste. Comme Larry Probst, son collègue américain, il évoque 2026 et 2030. Une façon de prendre position dans l’hypothèse, pas tout à fait exclue, où le CIO prendrait goût au double vote.