Le CIO a réussi le début de son pari: la course à l’organisation des Jeux ne fait plus fuir les candidats. Pour l’hiver 2026, sept lettres d’intention sont arrivées à la date du 31 mars 2018 dans la boîte de l’organisation olympique à Lausanne. Un premier succès, à confirmer dans les mois à venir.
Dans le lot, une invitée surprise. Erzurum, capitale de la province du même nom, se niche au nord-est de la Turquie. En soi, un premier souci dans la perspective de la campagne de candidature. Difficile, en effet, de considérer comme anecdotique, ou en tous cas sans danger, un événement olympique organisé non loin de la frontière avec la Syrie.
Pour le reste, le cas Erzurum intrigue. La Turquie n’a jamais caché son intérêt pour les Jeux, mais le pays semblait se concentrer sur l’été. Avec cinq candidatures, sans le moindre succès, Istanbul en connaît désormais un rayon sur les règles du genre. Sa dernière tentative, pour les Jeux de 2020, n’avait pas été loin d’aboutir, la ville étant seulement devancée par Tokyo.
A ce jour, la Turquie n’avait encore jamais tenté sa chance pour les Jeux d’hiver. Selon plusieurs sources, l’initiative serait locale. A l’image de Graz, en Autriche, elle s’inscrit dans la volonté d’un maire et d’une région de profiter des Jeux pour se faire connaître comme destination des sports d’hiver.
Un point de départ local, mais un soutien national. Recep Tayyip Erdogan, le président turc, s’est rendu à Erzurum en février dernier. Une visite au cours de laquelle le chef de l’Etat a non seulement donné son feu vert aux élus locaux pour se lancer dans l’aventure. Mais il a également promis de « tout faire » pour renforcer les chances de victoire du dossier turc.
Autre soutien de poids: Ugur Erdener. Le président du comité olympique turc passe pour l’un des hommes les plus influents du mouvement olympique. Vice-président du CIO, il préside la Fédération internationale de tir à l’arc (World Archery). S’il joue à fond le jeu d’Erzurum, Ugur Erdener peut apporter un intéressant contingent de voix.
Pour le reste, tout est à construire pour l’équipe d’Erzurum. A l’image d’Almaty dans la course aux Jeux d’hiver en 2022, elle devra démontrer aux membres du CIO que les sports d’hiver y sont inscrits dans l’histoire et la culture de la ville. Surtout, elle devra démontrer sa capacité à recevoir un événement de la taille des Jeux d’hiver.
Pas gagné d’avance. Certes, il neige en abondance à Erzurum, entre décembre et février, avec des températures souvent très en dessous de zéro. La ville peut se vanter d’avoir déjà organisé les Universiades d’hiver en 2011, les Mondiaux de curling en double mixte en 2012, puis plus récemment le Festival olympique de la jeunesse européenne en 2017. Mais elle est toujours restée à l’écart des circuits de la Coupe du Monde dans les principales disciplines des sports d’hiver.
Plus gênant: Erzurum compte un aéroport local, seulement utilisé pour des vols nationaux. Quant à sa capacité hôtelière, il reviendra à son équipe de candidature d’en expliquer la réalité et les perspectives.
A ce stade de la course, Erzurum apparaît comme la (très) grosse cote de la compétition. Un très lointain outsider. Mais cette position n’est sans doute pas la pire.