La série continue. Après l’Arena 2 et le village des médias, un nouveau site du dispositif de Paris 2024 s’écrit désormais au conditionnel. Selon Le Parisien, le futur centre aquatique pourrait changer de visage. Il pourrait rejoindre la longue liste des équipements temporaires.
A ce stade, l’option d’un centre aquatique provisoire, construit pour les Jeux puis démonté une fois le rideau tombé, reste seulement une « option ». Une piste de travail, rien de plus. Mais elle en dit long sur la pression exercée par les différentes parties prenantes, autorités politiques et CIO, pour rester dans les clous d’un budget (6,8 milliards d’euros) pourtant svelte et sans excès de gras.
Dans le dossier de candidature, le centre aquatique olympique figurait en bonne place parmi les réalisations destinées à contribuer à l’incontournable « héritage olympique ». Un bassin de compétition de 50 m, une fosse à plongeon, 2500 places permanentes, autant sur des tribunes démontables. Canon. Le complexe est prévu sur la plaine Saulnier, en face du Stade de France, à Saint-Denis. La Fédération française de natation (FFN) en salive d’impatience. Dans ses cartons, l’ambitieux projet d’en faire un pôle national d’entraînement.
Seul ennui, mais de taille: le coût. Dans le dossier de candidature, il est estimé à 129,4 millions d’euros. Pas de quoi en tomber de sa chaise. Mais un rapport de l’inspection des finances, commandé par le gouvernement avant même la désignation de Paris comme ville-hôte des Jeux d’été en 2024, souligne d’un trait épais les risques de dérapage. Selon le document, la facture finale pourrait être multipliée par 3.
Autre caillou dans la chaussure: le coût d’exploitation. Une note interne, dont Le Parisien a eu connaissance, prévoit déjà un « déficit d’exploitation annuel moyen au cours des 15 prochaines années évalué à environ 1,5 M€. » Encore une fois, rien de dramatique. Le centre aquatique ne serait pas le seul équipement sportif à vivre sa vie grâce aux deniers publics. Sans la subvention annuelle de l’Etat, le Stade de France aurait sans doute cessé depuis longtemps de respirer.
Mais dans le cas de la piscine des Jeux de Paris, la question du rôle des uns et des autres s’avère complexe. Le conseil départemental de Seine-Saint-Denis serait prêt à faire un geste en participant au déficit du coût d’exploitation à hauteur de 700.000 euros. Sympa. Mais il n’ira pas plus haut. Il restera à trouver 800.000 euros annuels pour régler l’addition. Pour la Fédération française de natation, l’effort financier semble hors de propos.
Face à une telle situation, l’option d’un équipement provisoire s’affiche comme une solution de recours. Personne n’en veut, mais elle n’est pas exclue. « Un scénario dégradé qui ne laisserait aucun bassin en héritage et qui pénaliserait la stratégie de développement de la fédération de natation », plaide la note de l’inspection des finances, citée dans Le Parisien. Certes. Mais la facture finale retomberait à 80 millions d’euros, les risques de dérapages financiers seraient nettement réduits. Surtout, la question du coût d’exploitation disparaîtrait du débat.
Certes, le COJO Paris 2024 devrait prendre à sa charge une telle installation temporaire, alors qu’il était censé participer seulement à hauteur de 38,4 millions d’euros au coût d’un centre aquatique permanent. Mais le potentiel d’attractivité des Jeux auprès des entreprises laisse entrevoir des recettes en marketing assez abondantes pour supporter une telle rallonge.
Selon la note de l’IGS, les économies réalisées par les pouvoirs publics pourraient être utilisées à un plan d’équipement en piscines de la Seine-Saint-Denis. Le département ferait une croix sur son centre aquatique, mais hériterait à la place d’une poignée de bassins de taille plus modeste, plus en prise avec les attentes d’une population où la natation se pratique plus en loisir que pour la haute compétition. Une autre forme d’héritage.