Semaine décisive pour l’AIBA. Et, au-delà, pour l’avenir de la boxe dans le mouvement olympique. L’organisation internationale doit présenter, ce mercredi 25 avril à Lausanne, un rapport au CIO sur ses avancées en termes de gouvernance, finances et lutte antidopage.
L’épisode n’a rien d’anecdotique. Secouée par des querelles internes, l’AIBA traverse une période agitée et incertaine. CK Wu, son président depuis 2006, a été renversé en novembre dernier. L’homme d’affaire ouzbek Gafur Rakhimov, soupçonné de trafic aux Etats-Unis, lui a succédé comme président par intérim. Début avril, l’Américain Tom Virgets a pris ses fonctions de directeur exécutif. Présent la semaine semaine passée à Bangkok pour SportAccord (photo ci-dessous), il a répondu aux questions de FrancsJeux.
FrancsJeux: Dans quel état avez-vous trouvé l’AIBA en prenant vos fonctions de nouveau directeur exécutif?
Tom Virgets: L’AIBA doit régler un certain nombre de questions, concernant surtout le management et la gouvernance. Certaines sont déjà anciennes, les autres plus récentes. Nous nous efforçons de les régler. J’ai le sentiment que nous allons dans la bonne direction, notamment sur les questions de gouvernance. En prenant mes fonctions de directeur exécutif, officiellement depuis le 1er avril, j’ai aussi découvert un personnel de l’AIBA très abattu par les épisodes récents, ce qui est tout fait normal après avoir traversé une telle succession de périodes agitées. Mais nous essayons de remonter le moral de tout le monde. Je souhaite donner aux salariés de l’AIBA un plus grand rôle dans la bonne marche de l’organisation. Nous partons d’assez bas, mais je ressens autour de moi de l’espoir et de l’optimisme.
Vous attendiez-vous à ce que vous avez découvert?
Je suis impliqué dans l’univers de la boxe depuis 58 ans. La situation que nous vivons actuellement à l’AIBA me rappelle ce que j’ai connu à la Fédération américaine de boxe (USA Boxing) lorsque j’en suis devenu président (2006-2010). A l’époque, elle était confrontée à des problèmes de gouvernance. L’USOC menaçait de nous exclure. Nous avons été capables de sortir de cette crise. Je ne suis donc pas surpris de ce que j’ai trouvé à l’AIBA. Mais j’ai été étonné par l’ampleur de la dette de l’organisation. Une dette que nous avons déjà commencé à réduire.
Quelle est aujourd’hui votre priorité?
Nous devons présenter un rapport au CIO ce mercredi 25 avril. Il est ma priorité. Ce rapport concerne les questions de gouvernance, finances, management et antidopage. Je pense que nous avons fait des progrès au cours des derniers mois. Nous avons établi une feuille de route pour répondre aux attentes fixées par le CIO.
Le CIO a proféré la menace de retirer la boxe du programme des Jeux. Cette menace est-elle sérieuse?
Nous la prenons très au sérieux. Le CIO nous l’a exprimée de façon sérieuse. Je n’ai pas le sentiment que nous soyons aujourd’hui le maillon le plus faible du mouvement olympique, mais nous en sommes sans doute le plus visible. Nous devons nettoyer devant notre porte. Nous avons commencé, nous allons continuer. Il nous faut convaincre le CIO que l’AIBA est devenue une organisation modèle.
L’AIBA pourrait-elle survivre à une exclusion du mouvement olympique?
Je ne veux pas faire de spéculation sur cette question. Je suis convaincu que nous allons répondre aux attentes et aux demandes du CIO. La boxe est l’un des sports les plus anciens de l’histoire olympique. Ses grands champions comptent parmi les figures les plus reconnaissables de la légende des Jeux. La boxe a encore un bel avenir à se construire aux Jeux. Je ne peux pas imaginer que tous les gens qui aiment ce sport le laisseraient disparaître. Nous n’avons pas la maîtrise de la décision. Elle appartiendra au CIO. Mais nous avons celle de tout le processus qui nous permettra de redonner confiance au CIO quant à la bonne gouvernance et organisation de l’AIBA. Nous avons des problèmes. Mais nous allons les régler.
Comment comptez-vous convaincre le CIO de vos progrès en matière de gouvernance?
Nous avons déjà entamé le processus de réforme. Plusieurs décisions importantes ont été prises lors du dernier congrès de l’AIBA. Elles contribuent à réduire le pouvoir du président, au bénéfice du comité exécutif. Elles ont également pour effet de me confier, en ma qualité de directeur exécutif, la maîtrise des opérations. L’AIBA a pu souffrir dans le passé d’un certain flou sur les responsabilités des uns et des autres. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas.
La réputation de votre président par intérim, l’Ouzbek Gafur Rakhimov, présenté comme un « criminel majeur », est citée par le CIO lui-même comme une question cruciale du dossier AIBA. A vos yeux, est-elle décisive?
Beaucoup de choses ont été dites et écrites sur ce sujet. Mais elles restent du domaine de la spéculation. Le président s’est employé à maintes reprises à se présenter tel qu’il est vraiment, à savoir un homme d’affaires. Pour ma part, je préfère me concentrer sur les enjeux prioritaires, les questions de gouvernance, de management et de finances. Le reste est politique. Je le laisse aux politiques.