Candidatures

Pour le Mondial 2026, Trump marque contre son camp

— Publié le 2 mai 2018

Mercredi 13 juin 2018, à Moscou, la FIFA attribuera l’organisation de la Coupe du Monde de football 2026. A une quarantaine de jours du vote, auquel prendront part pour la première fois les représentants des 211 pays membres de l’institution internationale, le dossier américain porté par les Etats-Unis, le Canada et le Mexique se présente encore en position de favori. Mais pour combien de temps?

Ces derniers jours, un intrus s’obstine à s’inviter dans la campagne. Personne ne lui a demandé son aide, surtout pas les porteurs de la candidature américaine. Mais il court derrière le ballon avec des manières de forcené. Au risque de marquer contre son camp le but de la défaite.

En fin de semaine passée, Donald Trump s’est fendu d’un tweet dont il a le secret, sans nuance, direct et dénué du moindre sens diplomatique. « Les Etats-Unis ont mis au point un projet FORT avec le Canada et le Mexique pour la Coupe du monde 2026, a écrit le locataire de la Maison Blanche. Cela serait dommage que les pays que nous soutenons en toutes circonstances fassent campagne contre la candidature américaine. Pourquoi soutiendrions-nous ces pays quand ils ne nous soutiennent pas (y compris à l’ONU) ? »

L’intention est limpide: forcer la main aux pays dits « amis » des Etats-Unis pour obtenir leurs voix le 13 juin à Moscou, pendant le Congrès de la FIFA. Le méthode l’est moins. Primo, Donald Trump enfreint la règle, très symbolique mais néanmoins gravée dans le marbre, de non ingérence du pouvoir politique dans les affaires sportives. La FIFA n’a pas tardé à le lui rappeler.

Deuxio, le président américain sème le désordre dans la candidature des trois pays en proférant des menaces de sanctions à peine déguisées envers les pays qui choisiraient de donner leur suffrage au Maroc. La France en fait partie. Noël Le Graët, le président de la Fédération française de football (FFF), a clairement annoncé son intention de voter pour le dossier marocain.

Lundi 30 avril, Donald Trump s’est saisi une deuxième fois du ballon. Cette fois, il n’a pas tweeté. Mais l’effet n’a pas été moins désastreux. Il a évoqué le Mondial 2026 lors d’une conférence de presse conjointe avec le président du Nigéria, Muhammadu Buhari. « J’espère que tous les pays africains et les pays à travers le monde vous soutiendront, et qu’ils soutiendront également notre candidature avec le Canada et le Mexique pour la Coupe du Monde 2026, a lâché Donald Trump. Nous regarderons très attentivement, et nous apprécierons toute l’aide qu’ils peuvent nous apporter pour cette candidature. »

Cette fois, la menace est directe. Donald Trump ne le dit pas, mais tout le monde comprend: les Etats-Unis pourraient sanctionner économiquement les nations qui lui tourneraient le dos au moment de choisir entre les deux bulletins pour le Mondial 2026.

Les porteurs du projet américain, regroupés sous le nom United 2026, n’avaient pas réagi au premier tweet de Donald Trump. Ils n’ont pas plus osé une réponse au discours de la Maison Blanche. On les comprend. En entrant ainsi sur le terrain, crampons acérés, le président des Etats-Unis leur savonne la planche. Il offre aux indécis très à cheval sur l’éthique, s’ils existent dans l’univers de la FIFA, une excellente raison de pencher du côté marocain.

Avec un mode de scrutin ouvert pour la première fois à l’ensemble des pays membres de la FIFA, le vote du 13 juin s’annonce ouvert. Officiellement, le continent africain votera en masse pour le Maroc. En face, les fédérations membres de la CONCACAF (Amérique du nord, centrale et Caraïbes) et du CONMEBOL (Amérique du sud) donneront leurs voix au trio Etats-UNis, Canada, Mexique. Ailleurs, le paysage se révèle encore assez flou.

La FIFA n’a jamais fait vraiment mystère de sa préférence pour un dossier américain a priori nettement plus séduisant en termes de recettes en marketing et de potentiel de développement. La deuxième visite au Maroc de sa commission d’évaluation, non prévue mais décidée suite aux « manquements du dossier », s’affiche comme un signe de son choix. Mais la décision reviendra, cette fois, au plus grand nombre.