Le purgatoire est terminé pour le baseball et le softball. Exclues du programme olympique après les Jeux de Pékin en 2008, les deux disciplines retrouveront leur place dans un peu plus de deux ans à Tokyo 2020, en qualité de sports additionnels. Logique dans un pays, le Japon, où le baseball est l’objet d’une passion nationale.
La suite? Pour les Jeux de Los Angeles 2028, baseball et softball se présentent en solides favoris. L’affaire semble déjà dans le sac. Reste le cas Paris 2024. Plus douteux. Le baseball n’a jamais été une spécialité française, malgré une récente poussée de croissance. Le softball, son pendant féminin, se montre d’une extrême discrétion.
Il n’empêche, les dirigeants des deux disciplines mènent campagne. En tête, l’Italien Riccardo Fraccari (photo ci-dessous, à droite), le président de la Confédération internationale de baseball et softball (WBSC). A ses côtés, le Français Didier Seminet (à gauche sur la photo), président de la Fédération française (FFBS) et de la Confédération européenne (CEB). FrancsJeux les a rencontrés à Bangkok à l’occasion de SportAccord 2018.
FrancsJeux: Comment se présentent les Jeux de Tokyo 2020 pour le baseball et le softball?
Riccardo Fraccari: Les choses pourraient difficilement se présenter mieux. Le public sera au rendez-vous, nous n’avons aucun doute là-dessus. La ligue professionnelle japonaise de baseball a annoncé sa décision d’interrompre sa saison le temps des Jeux. Nous aurons 6 équipes pour chacun des deux tournois. Et nous débuterons la compétition de baseball à Fukushima, ce qui donnera à notre discipline une dimension plus large que le sport. A tous les points de vue, Tokyo 2020 représente le meilleur scénario possible pour nos disciplines.
A l’inverse, les Jeux de Paris 2024 se présentent nettement moins bien…
Riccardo Fraccari: Les Jeux de Paris 2024 seront aussi ceux de l’Europe. Nous les envisageons comme tel. Or, l’Europe compte plus de pays jouant au baseball que le continent asiatique. Historiquement, la France a toujours été un pays important dans l’univers du baseball en Europe, même si sa pratique se développe vraiment depuis quelques années.
Quels sont vos arguments pour convaincre Paris 2024 et le CIO?
Riccardo Fraccari: Notre campagne repose sur 4 piliers. Le premier tient à la pratique: les Jeux de Paris 2024 pourraient permettre d’augmenter nettement le nombre de joueurs en France. Le deuxième concerne l’équipe de France. Il est difficile d’envisager qu’elle monte sur le podium aux Jeux de Paris 2024, mais l’événement pourrait l’aider à progresser dans la hiérarchie internationale. Notre troisième pilier dépasse le seul cas de la France, pour toucher l’ensemble de l’espace francophone. Le baseball est un sport important dans certains pays francophones. Il peut constituer un élément d’unité dans cet espace. Enfin, nous avons un argument économique: le baseball et le softball ne coûteraient absolument rien aux Jeux de Paris 2024.
Comment cela?
Riccardo Fraccari: Si nous sommes présents aux Jeux de Paris en 2024, nous offrirons le stade de baseball aux organisateurs. Nous le payerons. Le projet est déjà rédigé sur le papier. L’enceinte compterait 1000 places permanentes, plus une possibilité d’extension temporaire pour le tournoi olympique. Une telle réalisation permettrait d’accueillir les Jeux sans le moindre investissement. Et elle laisserait un héritage durable pour la pratique de la discipline.
Que représente aujourd’hui le baseball en France?
Didier Seminet: Nous avons une fédération unifiée, baseball et softball. Elle recense actuellement 15.000 licenciés. Nous en avions 8.000 en 2010. Nous avons gagné un millier de joueurs au cours des 12 derniers mois. La FFBS recense 210 clubs. Et nous intéressons beaucoup les institutions, elles sont séduites par la mixité, l’accessibilité et le dynamisme de nos disciplines. Nous avons signé un partenariat avec l’USEP, nous travaillons aussi avec l’UNSS pour faire entrer le baseball à 5 à l’école, en créant des compétitions nationales. Enfin, clin d’œil de l’histoire, notre fédération fêtera son centenaire en 2024.
Avez-vous débuté votre campagne de candidature aux Jeux de Paris 2024?
Riccardo Fraccari: Pas encore. Nous allons rencontrer les gens du COJO Paris 2024 au cours des prochaines semaines. Mais nous avons déjà été reçus par Laura Flessel, la ministre des Sports, à qui nous avons exposé notre projet et notre vision.
Cette campagne concerne-t-elle Paris 2024 et Los Angeles 2028?
Riccardo Fraccari: Bien sûr. A Los Angeles, le contexte est très favorable, mais nous voulons vraiment profiter des Jeux de Paris 2024 pour développer le baseball et le softball en Europe.