Poussé dans les cordes, malmené depuis des mois par les affaires d’abus sexuels, le comité olympique américain est déterminé à se défendre. Quitte, pour cela, à devoir employer les grands moyens. L’organisation basée à Colorado Springs a annoncé, lundi 21 mai, l’arrivée parmi son staff d’une ancienne responsable du FBI.
Son nom: Wendy Guthrie (photo ci-dessous). Une pointure. Le profil idéal, semble-t-il, pour aider l’USOC à traverser une période de gros temps, dominée par une invraisemblable succession de scandales d’abus sexuels dans le mouvement olympique américain. Avant de poser sa mallette à l’USOC, Wendy Guthrie a passé les 6 dernières années au département des relations humaines du FBI, où elle occupait un poste de direction. L’ancienne étudiante de l’Université de Pennsylvanie avait précédemment fourbi ses armes dans le sport universitaire, en enchaînant plusieurs postes dans les conférences de la Côte Ouest et du Nord-Ouest de la NCAA.
Preuve de l’urgence de muscler sa défense: l’USOC a créé à son intention un poste jusque-là absent de son organigramme. Wendy Guthrie sera directrice de la sécurité des athlètes. Explication de Susanne Lyons, la directrice générale de l’USOC: « La sécurité des sportifs est un sujet qui ne peut pas être sous-estimé, et la création de ce poste est une avancée supplémentaire dans notre combat pour éviter les abus. Wendy se concentrera exclusivement sur la sécurité des athlètes, afin de nous aider à améliorer les procédures et à en mettre en place des nouvelles si nécessaires. »
La tâche s’annonce ardue. Depuis l’an passé, l’USOC est bousculé par les affaires d’agressions et harcèlements sexuels. Certes, le comité olympique américain n’a jamais été directement placé en première ligne, mais il a régulièrement été montré du doigt pour son silence dans des affaires dont certains de ses membres connaissaient la gravité. Le scandale Larry Nassar, notamment, a coûté sa place à Scott Blackmun, démissionnaire en février dernier de son poste de directeur général.
Wendy Guthrie ne devrait pas avoir le temps de s’offrir une visite prolongée des locaux de l’USOC à Colorado Springs. Sur son bureau, deux dossiers prioritaires. Le premier est marqué « Urgent ». Susanne Lyons, la directrice générale de l’USOC, promue à la place de Scott Blackmun, doit témoigner mercredi 23 mai devant une commission de la Chambre des Représentants sur les affaires d’abus sexuels. Elle devrait y croiser une poignée d’autres représentants du mouvement olympique américain, dont Kerry Perry et Steve McNally, les directeurs des fédérations de gymnastique et de taekwondo, les deux organisations les plus touchées par la déferlante.
L’autre dossier du moment porte le nom d’Ariana Kukors. Cette ancienne nageuse de l’équipe olympique a annoncé, lundi 21 mai, sa décision de poursuivre la Fédération américaine de natation (USA Swimming) devant la justice. Elle l’accuse d’avoir fermé les yeux devant le comportement de son ex entraîneur, Sean Hutchinson.
Ariana Kukors avait révélé en février dernier avoir été abusée pendant près de 10 ans par Sean Hutchinson. La jeune nageuse était alors seulement âgée de 16 ans. L’ancien coach l’aurait harcelée jusqu’à ses 24 ans. Lundi 21 mai, le Seattle Times a dévoilé certains détails de la plainte déposée par la jeune femme, aujourd’hui âgée de 28 ans. Selon elle, USA Swimming était au courant des penchants de Sean Hutchinson depuis 2005. En 2010, l’entraîneur en chef de l’équipe américaine, Mark Schubert, aurait alerté la fédération du comportement abusif du coach. Mais l’affaire n’est jamais sortie de ses locaux.
Lundi 21 mai, USA Swimming a fait savoir via un communiqué qu’elle se soumettrait à la procédure légale engagée par Ariana Kukors. Une procédure au cours de laquelle le rôle de l’USOC pourrait bien être évoqué.