La fin prochaine du purgatoire? Probable. Craig Reedie, le président de l’Agence mondiale antidopage (AMA), l’a confié la semaine passée: il a en sa possession une lettre des autorités sportives russes dont la teneur pourrait, selon ses propres mots, « changer la donne ». En clair, lever une à une les suspensions infligées au sport russe et le remettre en état de marche.
Le courrier en question, l’Equipe s’en est procuré une copie. La lettre très officielle est co-signée par le ministre des Sports, l’ancien escrimeur Pavel Kolobkov, le futur ex président du comité national olympique, Alexander Zhukov, et son homologue du comité paralympique, Vladimir Lukin. Parfait casting. Il ne manque personne pour donner au document un vernis sportif et politique.
Son contenu ne révèle rien d’explosif. Mais l’AMA n’en attendait pas tant. L’organisation présidée par Craig Reedie a toujours posé deux conditions à la réhabilitation de la Russie: une reconnaissance par les autorités des conclusions du rapport McLaren sur le dopage institutionnalisé dans le sport russe, et un libre accès au laboratoire antidopage de Moscou.
Pour la deuxième, il faudra encore attendre. Mais à en croire le document obtenu par l’Equipe, la première de ces deux conditions pourrait bientôt être considérée comme remplie par l’AMA. Dans leur lettre, les trois dirigeants russes écrivent: « La sérieuse crise qui a affecté le sport russe a été causée par des manipulations inacceptables du système antidopage révélé par les enquêtes conduites sous les auspices de l’AMA et du CIO. (…) Au nom des organisations que nous représentons, nous regrettons sincèrement ces manipulations et pratiques survenues en Russie. Nous voudrions vous assurer que toutes les organisations concernées ont pris les mesures nécessaires pour encourager et promouvoir l’observation des règles antidopage. (…) Nous voulons vous assurer que nous avons tiré les leçons de cette crise. Des réformes significatives sont en cours et nous sommes confiants dans le fait qu’elles rendront la lutte antidopage plus efficace dans notre pays. »
Suffisant? Sans doute. Certes, le courrier envoyé à Craig Reedie ne reconnaît pas explicitement l’existence d’un dopage d’Etat en Russie. Les trois signataires ne se privent pas de mentionner que les récentes décisions du TAS « ont émis un doute raisonnable sur la validité des preuves apportiées par l’ancien patron du laboratoire antidopage de Moscou, Grigori Rodchenkov. » Mais leur lettre ressemble à s’y méprendre au mea culpa exigé par l’AMA.
Pour la suite, le calendrier est connu. Le courrier de la Russie doit être examiné le 14 juin par une commission ad hoc de l’AMA. Elle transmettra ses conclusions au comité exécutif de l’organisation, sans doute dans la foulée. Il reviendra à ses membres la difficile tâche de se prononcer sur le sort de la Russie. Il serait surprenant qu’ils décident de camper sur leur position en jugeant insuffisantes les excuses des autorités russes.