Une politicienne norvégienne succédera-t-elle à un ancien joueur de badminton écossais? Les paris sont ouverts. Une chose est sûre: la course à la présidence de l’Agence mondiale antidopage vient de débuter. Avec une première candidate sur la ligne de départ.
Linda Helleland (photo ci-dessus), 40 ans, a très officiellement annoncé jeudi 24 mai sa décision de postuler à la succession de Craig Reedie. Le dirigeant écossais rendra l’an prochain les clefs de son bureau, après deux mandats dont il conservera sans doute un souvenir très partagé. Ces dernières années, l’affaire du dopage en Russie et les luttes de pouvoir avec le CIO ont donné à la fonction présentielle l’allure d’un cadeau empoisonné. Mais il en faut plus, semble-t-il, pour décourager les vocations.
Linda Helleland a choisi de se déclarer à l’occasion d’une interview à la BBC, réalisée dans son bureau ministériel à Oslo. « J’aimerais être la prochaine présidente de l’AMA », a-t-elle avoué. Avant de préciser la teneur de sa campagne: « L’AMA a besoin de plus d’indépendance, de transparence et de démocratie. Mais elle a aussi besoin d’un meilleur équilibre entre les partenaires. Actuellement, il domine l’impression que le mouvement olympique est la plus forte des parties prenantes. Nous avons besoin de renforcer le rôle des gouvernements. Et je veux m’en charger. »
Le ton est donné. Entrée assez jeune en politique, au sein du Parti conservateur, Linda Helleland a fait ses débuts dans le gouvernement norvégien en janvier dernier, comme ministre de l’Enfance et de l’Egalité. Mais elle n’est pas une inconnue du mouvement sportif. Elle a été élue en décembre 2016 à la vice-présidence de l’AMA.
La Norvégienne ne s’en cache pas: le mouvement antidopage se trouve, à ses yeux, à « la croisée des chemins. » En cas de victoire lors de l’élection à la présidence, l’an prochain, elle compte utiliser son expérience politique pour lui redonner crédibilité et indépendance. « Le plus important pour moi est que l’AMA ait un bon président, capable de lui redonner force et indépendance », a-t-elle expliqué à la BBC. Ces dernières années, la réalité de la lutte antidopage est devenue très confuse. Le manque de confiance des athlètes et des fans dans les institutions en charge de la lutte est pour moi un très gros problème. »
La course est lancée. Elle s’annonce déjà furieuse. Dans le camp d’en face, le mouvement olympique ne restera pas les bras croisés. Le CIO et les fédérations internationales devront s’entendre, au cours des prochains mois, pour sortir du chapeau un candidat à présenter pour contrecarrer les ambitions de la ministre norvégienne et, avec elle, des gouvernements. Jamais simple.
Un nom est déjà cité dans les conversations: Valérie Fourneyron. L’ancienne ministre française des Sports a été nommée en octobre dernier à la tête de la nouvelle Autorité de contrôle indépendante, imaginée par l’AMA pour assurer une plus grande indépendance aux procédures de la lutte antidopage. Valérie Fourneyron est déjà dans la place. Elle aurait le soutien de Thomas Bach. Vers un match Fourneyron/Helleland?