La signature d’un protocole budgétaire n’est jamais un exercice anodin lorsqu’il est question des Jeux de Paris 2024. La démarche peut même parfois prendre des allures de réunion au sommet.
Jeudi 14 juin, à l’Hôtel de Ville de la capitale française, pas moins de 24 signataires successifs se sont passés le stylo pour parapher un document précisant en toutes lettres le cofinancement des premiers Jeux d’été sur le sol français depuis un siècle.
Le protocole signé jeudi matin, à 4 jours de la première visite de la commission de coordination du CIO, réserve peu de nouveautés. Il se présente plutôt comme une forme de pense-bête à l’usage de toutes les parties prenantes, destiné à leur rappeler l’obligation gravée dans le marbre de respecter le budget et de s’interdire toute idée de surcoût.
Edouard Philippe, le Premier ministre, venu en personne conférer à la séance un caractère d’affaire d’Etat, l’a expliqué en préambule: « Le président Emmanuel Macron a été très clair, nous devons respecter les enveloppes initiales. Ce montant doit être tenu et il le sera. »
Voilà qui est dit. Tony Estanguet et son équipe sont prévenus: pas question de sortir même un seul pied en dehors des clous. La remarque vaut également pour la Solideo, l’organisme public chargé de la livraison des installations olympiques.
Le budget des Jeux est fixé à 6,8 milliards d’euros, dont près de la moitié (3 milliards d’euros) affectée à la construction des équipements. Le protocole signé jeudi 14 juin rappelle, noir sur blanc, l’engagement des autorités sur un montant de 1,4 milliard d’investissements publics, dont 1 milliard versé par l’Etat. Il concerne la construction des infrastructures laissées en héritage après les événements olympique et paralympique.
Tony Estanguet, le président du COJO Paris 2024, l’a juré une main sur le cœur: « Il n’y aura pas de choix entre rigueur budgétaire et ambition ». En clair, ok pour donner un tour de vis, mais sans renoncer à la volonté répétée comme un refrain d’organiser des « Jeux uniques et inoubliables. » Avec près de 7 milliards dans les caisses, le pari semble plus que réaliste.
En tête de liste des changements apportés au dispositif proposé dans le dossier de candidature: le futur centre aquatique. Avant même le premier coup de pioche, cet équipement a déjà fait couler assez d’encre pour remplir l’un de ses bassins. En cause, le risque de surcoûts, estimé entre 160 et 170 millions d’euros par un rapport de l’Inspection générale des finances.
La dernière version du projet se veut un subtil compromis entre « rigueur budgétaire et ambition », pour reprendre la formule de Tony Estanguet. La natation course aura droit à une piscine couverte mais démontable, ceinturée de tribunes temporaires de 15.000 places. Deux bassins d’entraînement l’accompagneront, eux aussi démontables. Mais, pour compenser cette retouche, le centre aquatique sera doté de deux bassins définitifs pour le plongeon et le water polo et d’une tribune durable de 5.000 sièges.
Résultat: un coût rabaissé à 80/90 millions d’euros. Mais l’économie réalisée profite surtout aux pouvoirs publics. Le COJO, de son côté, se voit prié de mettre la main au porte-monnaie pour assurer le financement des bassins provisoires, dont le coût devrait atteindre 40 millions d’euros. Une fois les Jeux terminés, ces trois piscines seront démontées et installées ailleurs en Seine-Saint-Denis.
Pour le reste, la nouvelle carte des sites révèle peu de vraies évolutions. Le village des athlètes est « maintenu dans son périmètre et dans son programme. » Sa capacité, fixée à 17.000 lits, ne sera pas réduite. La passerelle piétonne au-dessus de l’autoroute A1 reste d’actualité. Au Bourget, une ligne a été effacée. Les épreuves de volley-ball, prévues sur place, seront déplacées sur le site initialement affecté au badminton. Pas mécontent de son sort, ce dernier sport sera rapatrié en plein Paris.
Lundi 18 juin, la commission de coordination du CIO découvrira la nouvelle version du plan Paris 2024. Pas sûr qu’elle en saisisse toutes les subtilités, mais elle appréciera certainement les promesses de rigueur budgétaire et de maîtrise des coûts. En ces temps difficiles pour les candidatures olympiques, il est demandé à Paris de montrer le bon exemple.