Grand bleu sur Paris 2024. A tous les sens du terme. Mardi 19 juin, la commission de coordination du CIO a bouclé sa première visite dans la capitale française sous un ciel sans tache et un soleil de plomb. Avec, chevillée au corps, la certitude de se préparer à six années d’un long fleuve tranquille.
Pierre-Olivier Beckers, le président de la commission de coordination, a résumé d’une formule sans nuance l’impression laissée par les deux journées de réunion et d’inspection: « Les Jeux de Paris 2024 seront spectaculaires et seront uniques. » Qu’on se le dise: le CIO possède le don précieux de prédire l’avenir. Très fort.
Puis le Belge a enfoncé le clou, sans retenir son envie de distribuer les bons points par poignées: « Sur les sites, il est difficile de rêver mieux. Pour le reste, nous avons constaté avec plaisir les avancées réalisées au cours des derniers mois: la mise en place de l’équipe dirigeante, la volonté de maîtriser les coûts, et l’adoption du plan général des sites. Paris 2024 est dans les clous et même en avance. Nous repartons sereins et confiants. »
Excessif ? La suite répondra. Mais une chose est sûre: Paris 2024 a réussi son premier examen de passage. A plus de six ans de l’échéance, il n’était pas le plus complexe. Mais les polémiques des derniers mois, liées aux risques de surcoût et à l’incertitude du futur centre aquatique, l’avaient rendu moins lisse que prévu.
Soyons clairs: la délégation du CIO, composée pour une moitié de membres de la commission de coordination et pour l’autre de salariés de l’organisation olympique, a eu un aperçu très superficiel de la préparation des Jeux. En trois demi-journées, passées pour l’essentiel dans un hôtel avec vue imprenable sur la Tour Eiffel, elle a consacré plus de temps à faire connaissance avec les « parties prenantes » de l’organisation parisienne qu’à éplucher les dossiers. Mais cette prise de contact l’a confortée dans sa confiance. « Nous avons eu une excellente réunion, a assuré Pierre-Olivier Beckers, marquée par une volonté de travailler ensemble. »
En l’observant de près, le tableau révèle pourtant quelques zones d’ombre. Retoqué par un rapport de l’Inspection générale des finances, le projet présenté dans le dossier de candidature a déjà subi plusieurs retouches. La carte des sites se dessine encore au conditionnel. Plusieurs des sports majeurs des Jeux, dont le judo et le basket-ball, ignorent où ils seront logés au cours de l’été 2024.
Mais cette incertitude semble ne tracasser personne. Pierre-Olivier Beckers balaye le sujet: « La nouvelle norme permet une planification sur trois ans. A ce stade, Paris 2024 n’a aucune raison de se précipiter. Il est préférable de prendre son temps plutôt que de mal faire. Regardez donc les Jeux de Tokyo 2020: la carte définitive des sites n’a pas été adoptée avant l’année 2017. »
Avec un tel allié, Paris 2024 peut s’accorder du temps sans craindre de voir le CIO le rappeler à l’ordre. La conférence de presse de bilan de la visite, mardi après-midi, en a apporté une éloquente illustration. A la question de la date où sera finalisé le plan des sites, Tony Estanguet a répondu en suggérant la fin de l’année 2018. Mais Pierre-Olivier Beckers lui a glissé à l’oreille, avec des manières de paternel bienveillant, qu’il pourrait aller sans crainte jusqu’au début de l’année suivante.
Dans la foulée d’une visite bouclée avec une bonne heure d’avance, Tony Estanguet et Anne Hidalgo, la maire de Paris, ont signé la charte sociale des Jeux de 2024 avec huit organisations syndicales et patronales. « Un acte très symbolique, qui reflète notre ambition de faire travailler les gens ensemble au service d’un projet commun », s’est félicité le président du COJO.
Pierre-Olivier Beckers et la petite troupe du CIO n’ont pas assisté à la cérémonie de signature. Ils avaient déjà quitté les lieux. Mais en avaient-ils vraiment besoin? Pour eux, tout roule sur les bons rails. Le Paris est déjà gagnant.