La rencontre était prévue informelle. Elle s’est révélée très protocolaire. Elle devait se réduire à une poignée de mains et un échange de politesses, dans la tribune du stade. Elle a pris l’allure d’un entretien officiel.
Invité à Moscou pour assister en qualité de président du CIO à la finale du Mondial de football 2018, Thomas Bach n’a pas seulement été le témoin de la victoire de la France sur la Croatie. Le dirigeant allemand a surtout profité de l’aubaine pour renouer le dialogue avec Vladimir Poutine, l’hôte de la soirée. Et, surprise, lui promettre des jours meilleurs pour le sport russe dans l’univers olympique.
A en croire un communiqué du CIO, les deux hommes se sont rencontrés avant même la finale du Mondial. Aucun détail n’a été fourni quant au lieu et la durée de l’échange. Mais il semble avoir été plus que courtois.
Après avoir « discuté du développement du sport dans la société russe », sujet étonnement vaste pour un tel entretien, Thomas Bach et Vladimir Poutine auraient convenu que l’heure était venue de tirer un trait sur le passé. Le CIO l’explique : « Ils sont tous deux convenus que dans l’intérêt des athlètes russes, le temps était maintenant venu de réengager un dialogue pour envisager l’avenir et ramener complètement le sport russe au sein de la communauté sportive internationale. »
En clair, Vladimir Poutine et Thomas Bach ont évoqué un retour prochain et à part entière de la Russie dans le tableau. Thomas Bach y est favorable, comme en atteste sa position sur le dossier russe aux Jeux de PyeongChang. Dès le mercredi 28 février 2018, soit seulement trois jours après la fin des épreuves, le CIO avait levé la suspension du comité national olympique.
Toujours selon le communiqué du CIO, « le président Thomas Bach a relevé que dans l’intérêt des athlètes russes intègres et de tous les athlètes du monde entier, la réintégration de l’agence antidopage russe (RUSADA) par l’Agence mondiale antidopage (AMA) revêtait la plus haute importance, et que le CIO recommanderait vivement au comité olympique russe de prendre les dernières mesures nécessaires dans cette direction afin de permettre à la Russie de jouer à nouveau pleinement et activement son rôle au sein du Mouvement olympique. »
La formulation se veut très ampoulée. Une habitude pour le CIO. Mais il est facile de lire entre les lignes. A Moscou, Thomas Bach a assuré face à Vladimir Poutine que l’AMA cesserait bientôt de s’acharner sur l’agence russe antidopage. Il lui a également promis qu’il saurait trouver les moyens de lever les derniers obstacles à la réintégration complète du sport russe et de son organisation.
Comment ? La question sera débattue dès aujourd’hui à Moscou. A la différence des autres dirigeants venus à Moscou pour s’installer aux meilleures places de la tribune officielle du stade Loujniki, Thomas Bach n’a pas encore quitté la Russie. Il doit rencontrer ce lundi le nouveau président du comité national olympique, Stanislav Pozdnyakov, et sa garde rapprochée. Objectif de la réunion : « rétablir le dialogue et la coopération. »
Preuve de la volonté du CIO de ramener illico la Russie dans le décor : Thomas Bach aurait longuement détaillé dimanche, devant un Vladimir Poutine sans doute aux anges, le soutien apporté par le CIO aux « nouveaux projets lancés par le CNO russe, notamment des séminaires de formation visant à inculquer une solide culture antidopage aux athlètes. » Il aurait même été jusqu’à évoqué les « accords de partenariat avec des centres d’entraînement à travers toute la Russie en vue d’ouvrir des perspectives pour les athlètes et entraîneurs, en particulier ceux des anciennes républiques soviétiques. » Difficile de faire plus.
Vladimir Poutine peut se frotter les mains. Le sport russe entrevoie le bout du tunnel et pourrait être bientôt réintégré à part entière. Thomas Bach s’y est engagé. Tout n’est pourtant pas réglé dans l’épais dossier du dopage. Mais peu importe, semble-t-il.