La bataille s’annonçait intense. Elle sera furieuse. Avec, en bout de course, peu de vainqueurs et un lot fourni de déçus. La commission exécutive du CIO a levé le voile, mercredi 18 juillet à Lausanne, sur le processus et le calendrier de sélection des sports additionnels aux Jeux de Paris 2024. Ils en ont surpris plus d’un.
Le processus, d’abord. Il se révèle très différent de celui adopté pour les Jeux de Tokyo 2020, où le concept de « sports additionnels » avait été utilisé pour la première fois. Etonnament peu directif, le CIO avait laissé les Japonais manœuvrer à leur façon. Ils avaient lancé un appel à candidatures auprès des fédérations internationales non olympiques. Vingt-six d’entre elles y avaient répondu.
Les Japonais avaient ensuite fait leur choix parmi les dossiers reçus, pour retenir huit sports à proposer au CIO. La commission exécutive de l’organisation olympique en avaient écarté trois (bowling, squash et wushu), pour retenir finalement l’escalade, le baseball/softball, le karaté, le surf, et le skateboard. Précision : ces cinq sports additionnels représentent un total de 18 épreuves et 474 athlètes, à ajouter au quota de 10.500 athlètes présents aux Jeux d’été.
Pour Paris 2024, le CIO a opéré un changement radical. Avec l’objectif annoncé de respecter les règles de la « Nouvelle norme », censée tailler dans les coûts. Cette fois, pas question de laisser le COJO ouvrir la compétition à tout le monde. Les organisateurs français n’auront pas droit à un appel à candidatures classique, avec remise de dossiers et entretien avec les candidats. Ils devront enclencher la manœuvre en opérant eux-mêmes une première sélection. En clair, solliciter les fédérations internationales des sports jugés aptes à entrer dans le décor. Une démarche destinée à en finir avec un lobbying jugé trop coûteux pour les fédérations internationales.
Les critères se veulent précis. Ils ne le sont en réalité qu’à moitié. Les sports en question devront « parler à la jeunesse », être spectaculaires, et pouvoir se glisser comme une seconde peau dans « la vision et le concept des Jeux de Paris 2024″, indique-t-on au COJO. L’opération sera menée par la direction des sports du comité d’organisation, pilotée par Jean-Philippe Gatien, en collaboration étroite avec Tony Estanguet.
Précision d’importance : les fédérations concernées devront obligatoirement être reconnues par le CIO. Enfin, autre nouvelle annoncée mercredi par la commission exécutive : les sports additionnels ne pourront en aucun cas augmenter le nombre d’athlètes présents aux Jeux, établi par le CIO à un maximum de 10 500. A la différence de Tokyo 2020, Paris 2024 devra soustraire pour ajouter. Il lui faudra, pour inviter quelques nouveaux sports, tailler dans le programme existant.
Cette nouveauté laisse sur le papier assez peu de chances aux sports collectifs, baseball et softball notamment, deux disciplines dont la fédération internationale commune (WBSC) est déjà entrée en campagne. Elle laisse supposer un nombre limité de sports additionnels, sans doute seulement deux ou trois.
Le calendrier, maintenant. A l’image du processus, et pour la même raison d’économie, il se veut réduit dans le temps. Le comité d’organisation des Jeux de Paris 2024 devra proposer au CIO une liste de sports additionnels avant la fin du printemps 2019. Le choix sera validé par la session du CIO de Milan en septembre 2019. Mais le dossier ne sera pas totalement bouclé. Les deux parties se laisseront encore un peu plus d’une année pour finaliser l’affaire. Elles pourront profiter des Jeux de Tokyo 2020 pour affiner encore leur réflexion, en observant le comportement de certains des sports choisis par les Japonais. La décision définitive sera prise par la commission exécutive en décembre 2020.