L’avenir se révèle très contrasté pour deux des sports les plus anciens du mouvement olympique, la boxe et l’haltérophilie. L’un et l’autre sont menacés par le CIO de disparaître du programme des Jeux d’été. Mais leurs destinées pourraient bien s’avérer opposées.
Jeudi 19 juillet, les 14 membres de la commission exécutive du CIO se sont penchés sur leurs dossiers respectifs, au deuxième jour de leur réunion à Lausanne. A l’évidence, l’analyse de l’un a soulevé moins de questions que l’étude de l’autre. L’haltérophilie avance, la boxe fait du surplace.
Sur le papier, la situation de l’haltérophilie se présentait plutôt très mal. Le dopage y règne en maître des lieux, les médailles olympiques changent de mains aussitôt que sont connus les résultats des ré-analyses des échantillons des derniers Jeux. Bref, un sérieux désordre.
Mais le CIO l’a reconnu jeudi soir, par la voix de son porte-parole, Mark Adams : la Fédération internationale d’haltérophilie (IWF) a réalisé des « avancées concrètes » au cours des derniers mois. En tête de liste, sa décision de limiter le nombre de quotas pour les Jeux de Tokyo 2020 attribués aux pays les plus souvent mentionnés dans les affaires de dopage, dont la Russie, le Kazakhstan et l’Azerbaïdjan. Le CIO a apprécié.
Pour autant, l’avenir olympique de l’haltérophilie n’est pas encore tout à fait éclairci. La discipline sera présente aux Jeux de Tokyo 2020, mais elle demeure seulement « provisoirement incluse » à ceux de Paris 2024. Son cas sera étudié une nouvelle fois lors de la prochaine réunion de la commission exécutive du CIO, prévue du 30 novembre au 2 décembre 2018 à Tokyo, en marge de l’assemblée générale de l’ACNO.
Pour la boxe, en revanche, le temps reste toujours aussi menaçant. Jeudi 19 juillet, l’instance suprême du CIO a maintenu sa menace de retirer la discipline du programme des Jeux de Tokyo 2020. Elle a précisé maintenir également la suspension du versement de ses aides financières à l’AIBA, sa fédération internationale. En cause, toujours les mêmes griefs : la gouvernance, l’éthique et la gestion financière de l’AIBA.
A la différence de l’haltérophilie, la boxe peine à avancer. Elle semble même bloquée dans un périlleux surplace. Tout a commencé en février dernier avec la nomination comme président par intérim de l’Ouzbek Gafur Rakhimov, un homme d’affaires à la sulfureuse réputation, placé sur le siège présidentiel en remplacement du Taïwanais CK Wu. En apprenant la nouvelle, le CIO s’était dit « extrêmement inquiet et préoccupé. »
Depuis, l’AIBA a multiplié les annonces et les initiatives. Son nouveau directeur général, l’Américain Tom Virgets, a remis au mois d’avril un rapport au CIO détaillant les mesures prises dans les domaines de la gouvernance, de la lutte antidopage, de la gestion financière et du management. En mai, la commission exécutive du CIO a accordé un délai à l’AIBA, jusqu’au 11 avril, pour poursuivre son opération de nettoyage.
La semaine passée, l’AIBA a annoncé la mise en place d’un nouveau « plan de fondation », censé donner de l’air à la boxe et à son organisation internationale. A l’évidence, il n’a pas convaincu le CIO.
Dans le même temps, Gafur Rakhimov a fait savoir son intention de briguer la présidence de l’AIBA, lors de l’assemblée générale élective du mois de novembre prochain. L’Ouzbek veut transformer son intérim en une position moins provisoire. Il est présenté comme le grand favori.
Mark Adams, le porte-parole du CIO, l’a admis jeudi 19 juillet : le nom de Gafur Rakhimov a été « mentionné » pendant la discussion de la commission exécutive sur la situation de la boxe. Il n’a pas souhaité en dire plus, mais la perspective de voir l’Ouzbek s’installer durablement dans le fauteuil présidentiel semble en effrayer plus d’un au sein du CIO.
« La commission exécutive fera une nouvelle évaluation lors de sa prochaine réunion à Tokyo du 30 novembre au 2 décembre », a expliqué Mark Adams. Un nouveau délai pour l’AIBA. Le dernier, sans doute.