Il est venu. Il a parlé, longuement, puis répondu aux questions, sans la moindre impatience. Mais a-t-il convaincu ? Christophe Dubi, le directeur des Jeux olympiques au CIO, a fait le voyage vers Calgary, au Canada, mardi 24 juillet. A deux ans des Jeux de Tokyo 2020, le Suisse a parlé JO d’hiver et candidature olympique devant les médias, le monde économique et les élus locaux, réunis à la Chambre de commerce de la ville de l’Alberta. Avec une idée fixe: convaincre l’assistance de la pertinence du projet Calgary 2026.
En soi, la démarche n’est pas anodine. Le CIO n’a jamais eu l’habitude de dépêcher l’un de ses cadres dans une ville en course pour l’obtention des Jeux. L’organisation olympique s’est longtemps bornée à observer une prudente neutralité. Mais les temps changent. Les candidatures se raréfient.
Christophe Dubi s’était déjà rendu à Sapporo, au Japon, et à Stockholm, en Suède, avec la même mission. A Calgary, l’avenir du projet olympique reste très incertain. Un référendum se profile, annoncé pour le mois de novembre. Les partisans du non s’organisent, les sondages reflètent une opinion très partagée. Plus question d’attendre, donc, pour aller porter la bonne parole de la « Nouvelle norme » censée tailler dans le gras des budgets d’organisation.
Mardi 24 juillet, Christophe Dubi a surtout parlé gros sous à la tribune de la Chambre de Commerce de Calgary. Il a expliqué que les chiffres précis du coût des Jeux de 2026 serait très prochainement connus. Il a demandé de la patience. Mais il a insisté sur les « faibles risques » de l’organisation des Jeux d’hiver pour une ville ayant déjà reçu l’événement en 1988. A ses côtés, Hannah Burns, la directrice de la promotion des Jeux au CIO, envoyée elle aussi par Lausanne, et Scott Hutchenson, le nouveau président de Calgary 2026.
« Quand vous analysez un projet comme celui-ci, vous voulez connaître chacun des détails, a patiemment expliqué Christophe Dubi à une assistance très à l’écoute. Cela fait partie des attentes normales, en tant que contribuable. Vous voulez tout connaître, dès le départ. En ce moment, beaucoup de personnes sont à la tâche, notamment au sein de la société responsable de la candidature, auprès des institutions locales et parmi les trois paliers gouvernementaux, afin que tous aient les bons chiffres et puissent prendre une décision éclairée. C’est un processus qui prend du temps. »
Une première évaluation, réalisée en juin 2017, a estimé les coûts d’organisation à 4,6 milliards de dollars canadiens (3 milliards d’euros). Mais Christophe Dubi l’a rappelé : une moitié de cette somme serait couverte à coup sûr par les revenus issus des Jeux d’hiver. Le CIO s’est engagé à verser à la ville-hôte un pactole de 925 millions de dollars américains (792 millions d’euros) au titre des droits de télévision et du marketing international.
Christophe Dubi a également sorti de sa mallette les bons résultats des Jeux d’hiver de Vancouver en 2010, dont les effets positifs se font encore sentir au Canada. « Du tourisme à la rentabilité des infrastructures et aux emplois créés qui subsistent toujours, tous les indicateurs sont au vert », a-t-il suggéré.
Puis Hannah Burns a pris le relais, répétant sans lassitude l’un des nouveaux credo du CIO : « Les Jeux olympiques s’adaptent à la ville, ce n’est pas la ville qui s’adapte aux Jeux. » Le refrain est connu.
Convaincant ? L’avenir répondra. Mais Christophe Dubi a prévenu : un non de la population lors du référendum sur la candidature olympique « n’aura pas de conséquences. Si les habitants refusent de déposer une candidature, alors nous étudierons d’autres dossiers. » En clair, le rejet canadien profitera aux autres postulants. Les absents auront eu tort.
Pour rappel, un référendum a déjà renvoyé le projet Sion 2026 aux oubliettes. Puis l’Autriche a recalé l’option Graz et Schladming, comme elle l’avait fait plus tôt avec la candidature d’Innsbruck. La course se resserre.