L’Italie s’est élancée la dernière, dans la course aux Jeux d’hiver 2026. Son départ a été compliqué, ses premiers pas très indécis. Mais le pays entend bien terminer la campagne en trombe, en prenant tout le monde de vitesse. Avec une arme présumée fatale : l’innovation.
Mercredi 1er août, le conseil d’administration du comité olympique italien (CONI) a surpris son monde en annonçant via un communiqué sa décision de présenter une candidature commune de Turin, Milan et Cortina d’Ampezzo. Une décision prise à l’unanimité, précise le document.
Annoncés concurrents, les trois projets italiens pourraient donc ne plus faire qu’un. En cas de succès, il s’agirait d’une première dans l’histoire des Jeux d’hiver. Le dossier de candidature aurait une dimension nationale. Il ne serait pas portée par une seule ville. Une telle option aurait été proposée par le CONI au CIO, lequel aurait répondu qu’elle était désormais possible.
A en croire le CONI et son président, Giovanni Malago (photo ci-dessous), appelé à devenir membre du CIO lors de la session du mois d’octobre 2018 à Buenos Aires, ce « projet innovant » présente « les meilleures chances de succès pour une candidature qui engagerait l’Italie toute entière. »
Sur le papier, peut-être. Mais la réalité se révèle moins limpide. A peine le communiqué publié, le maire de Milan, Giuseppe Sala, a critiqué publiquement la décision du CONI. Confirmant que sa ville souhaitait toujours recevoir les Jeux d’hiver en 2026, le premier élu milanais a fait savoir qu’il ne participerait pas à la gouvernance de la candidature. Selon l’agence italienne ANSA, Giuseppe Sala aurait écrit à Giovanni Malago pour lui expliquer ne pas vouloir être directement impliqué dans la candidaure, mais laisser la porte ouverte à l’accueil de certaines épreuves, « en cas de besoin ». Ambiance.
Dans le détail, le projet italien se révèle un modèle d’équilibre géographique. Milan se verrait attribuer quatre sports : le curling, le hockey féminin, le short track et le patinage artistique. Cortina d’Ampezzo accueillerait trois sports de glisse (luge, bobsleigh et skeleton), plus une partie du ski alpin. Les compétitions de saut à ski et combiné nordique se dérouleraient à Val di Fiemme, l’un des hauts lieux du ski nordique mondial.
A Turin, le CONI envisage de confier le tournoi de hockey masculin. Le ski alpin masculin serait implanté dans la station voisine de Sestrières. La Valteline, une région de l’Italie du nord située entre Milan et Cortina d’Ampezzo, hériterait du snowboard, du biathlon, du ski acrobatique et du ski de fond. Chacune des trois villes, Milan, Turin et Cortina, aurait ses propres centre de presse et village des athlètes.
Selon Giovanni Malago, cité par la presse italienne, le dispositif se veut « diplomatique ». Il a été construit pour « respecter chacune des trois villes candidates, en essayant de ne décevoir personne tout en évaluant le meilleur rapport coût/bénéfices. » Un tour de passe-passe politico-sportif dont le CONI devra maintenir l’équilibre au cours des prochains mois. Pas simple.
Pour rappel, la course aux Jeux d’hiver 2026 compte encore cinq candidatures, actuellement en phase dite de dialogue avec le CIO : Calgary au Canada, Erzurum en Turquie, Sapporo au Japon, Stockholm en Suède et Milan-Turin-Cortina en Italie. L’attribution des Jeux se fera lors de la session du CIO en octobre 2019. Initialement prévue à Milan, elle serait délocalisée dans l’hypothèse où la ville italienne reste en compétition.