Difficile de s’y retrouver. Dans la course aux Jeux d’hiver 2026, les candidatures avancent à un rythme tellement disparate qu’elles semblent ne pas disputer la même compétition.
A Calgary, le référendum du mois de novembre occupe tous les esprits, et les efforts du comité de candidature. A Sapporo, l’idée de repousser le projet de 4 ans, pour les Jeux de 2030, tient la corde, mais l’option 2026 n’est pas encore écartée. En Italie, le CONI doit relever le périlleux défi de mettre d’accord autour d’un projet commun les élus de Milan, Turin et Cortina d’Ampezzo. A Erzurum, le plus discret des concurrents, la campagne se déroule sans le moindre bruit.
Reste le cas Stockholm. La candidature suédoise n’a pas encore surmonté son plus sérieux obstacle. Il sera politique. Les porteurs du projet olympique doivent convaincre les autorités de la capitale et du pays de s’engager à fond dans l’aventure. A ce jour, rien n’est acquis. Et la perspective des élections, à l’automne prochain, devrait encore accentuer la difficulté de la tâche.
Mais les Suédois avancent. Mieux : il avancent à plusieurs. Ils viennent de recevoir une nouvelle très encourageante de leur allié dans la campagne, la ville de Sigulda, en Lettonie. Dans leur dossier de candidature, les Suédois proposent d’organiser les épreuves de luge, bobsleigh et skeleton sur la piste de cette paisible cité de la région de Vidzeme, peuplée de 11.000 âmes, située à une cinquantaine de kilomètres de Riga. « Nous ne possédons aucune piste aux standards olympiques, nous irions donc à Sigulda », avait expliqué l’an passé à FrancsJeux le directeur de Stockholm 2026, Richard Brisius.
En ce début de semaine, les autorités de Sigulda ont annoncé avoir placé une option sur l’achat d’un vaste terrain situé à un jet de pierre de la piste de luge, bobsleigh et skeleton. Sa superficie, environ 5,5 hectares, permettrait d’y construire un village des athlètes pour les Jeux d’hiver en 2026.
L’étape n’est pas décisive. Elle n’est surtout pas bouclée. Une étude doit être menée par un organisme indépendant sur le bien-fondé de l’opération. Il restera ensuite à la municipalité de Sigulda à s’entendre sur les conditions de la transaction avec le propriétaire du terrain, l’Eglise évangélique luthérienne de la ville. Mais cette nouvelle avancée confirme la motivation de Sigulda, et plus largement de la Lettonie, de s’engager aux côtés de Stockholm. Une motivation déjà exprimée un juin dernier par une résolution du conseil municipal en faveur du projet suédois.
Aldonis Vrublevskis, le président du comité olympique letton, explique : « L’opportunité qui nous est offerte de participer à une candidature aux Jeux d’hiver 2026, par le biais de notre piste de luge, bob et skeleton, nous permet d’accélérer le processus de décision quant à la rénovation de cet équipement. Elle peut nous aussi nous aider à répondre plus vite aux attentes des habitants en termes de logement. »
En clair, les Lettons marchent à fond derrière le projet Stockholm 2026. Ils le voient comme une chance unique de recevoir les Jeux, même une part réduite, dans un pays a priori peu taillé aux dimensions de l’événement olympique.
Pour rappel, Sigulda est située à environ 580 km de Stockholm. Pas vraiment la ville voisine, donc. Mais la victoire de Pékin dans la course aux Jeux d’hiver 2022 a démontré, une nouvelle fois, que la compacité n’était pas toujours une carte maîtresse.
En se tournant vers la Lettonie, Stockholm ne s’enlève pas seulement une épine du pied, en faisant l’économie d’une piste de luge, bobsleigh et skeleton, extrêmement coûteuse et rarement facile à recycler une fois les Jeux passés. Son ouverture vers la mer Baltique peut également se révéler payante en termes de voix.