Les têtes continuent de valser au comité olympique américain. Le prochain sur la liste des départs laissera un certain vide. Larry Probst, 68 ans, président de l’USOC depuis le mois d’octobre 2008, a annoncé lundi 10 septembre sa décision de quitter la place. Il abandonnera la fonction au 31 décembre prochain.
Après Scott Blackmun, le directeur exécutif, démissionnaire au mois de février 2018, le mouvement olympique américain perdra bientôt un autre pilier. Dans les deux cas plane l’ombre de Larry Nassar, l’ex médecin de la Fédération américaine de gymnastique, condamné à 60 ans de prison pour des abus sexuels sur 265 gymnastes.
Officiellement, le départ de Larry Probst n’est pas directement lié à l’affaire Nassar. « Je pense qu’un bail de 10 ans est assez long pour un rôle de bénévole à plein temps », a-t-il répondu lundi, à l’occasion d’une conférence de presse téléphonique, à la question des raisons de sa décision. A coup sûr.
Mais le dirigeant américain est revenu longuement sur la faillite des autorités sportives américaines, l’USOC en tête, dans l’affaire Larry Nassar. « Nous avons laissé tomber nos athlètes, a-t-il expliqué. Je suis au sommet de la chaîne alimentaire, je prends donc les choses de façon très personnelle. Nous avons répété à de nombreuses reprises que nous étions vraiment désolés pour ce qui est arrivé. Nous devons concentrer toute notre attention sur la sécurité des athlètes. »
Larry Probst s’en va, Susanne Lyons arrive. Membre du conseil d’administration de l’USOC depuis 2010, elle a été désignée illico pour prendre place sur le siège vacant de président au 1er janvier 2019. Un choix logique. L’Américaine avait assuré l’intérim à la direction de l’organisation, en mars dernier, après le départ de Scott Blackmun. Elle avait ensuite laissée la place à Sarah Hirshland, une transfuge de la Fédération américaine de golf, recrutée en juillet pour prendre la direction de l’USOC.
« Le moment est idéal pour confier la responsabilité à Susanne, a suggéré Larry Probst. Le travail qu’elle a accompli pendant plusieurs mois comme directrice générale m’a convaincu, sans l’ombre d’un doute, qu’elle était la personne la mieux choisie pour me remplacer. Le moment est venu pour la nouvelle génération de dirigeants de s’attaquer aux défis auxquels est confrontée notre organisation. »
Personnage parfois distant, voire hautain, Larry Probst laisse la place en pouvant se vanter d’avoir amené l’USOC à des hauteurs très respectables. Au cours de sa décennie de présidence, les Etats-Unis ont bouclé en tête le classement des médailles aux Jeux de Vancouver en 2010, Londres en 2012, Rio en 2016. Larry Probst a également mené les négociations avec le CIO sur le nouveau partage des recettes issues du marketing et des droits de télévision. Enfin, il a été un acteur majeur de la campagne de candidature de Los Angeles aux Jeux de 2024/2028.
En quittant l’USOC, l’Américain n’abandonne pas seulement une fonction nationale. Larry Probst renonce également à son statut de membre du CIO, une position dont il avait hérité en 2013 au sein du collège des comités nationaux olympiques.
Pour les Etats-Unis, le coup est rude. Avec le départ de Larry Probst, le mouvement olympique américain ne comptera plus que deux membres au sein de l’institution olympique : Anita DeFrantz et Kikkan Randall. La première tient solidement la place, elle siège à la commission exécutive et occupe depuis l’an passé le siège de vice-présidente. Mais la seconde, championne olympique de ski de fond en février dernier, compte parmi les plus novices, puisqu’elle a été élue lors des Jeux de PyeongChang 2018 à la commission des athlètes.
Avec seulement deux membres, les Etats-Unis pourraient perdre une partie de leur influence, au moins politique, au sein du CIO. A moins qu’il soit proposé à Larry Probst de conserver sa place, dans un avenir proche, en qualité de membre individuel. L’Américain doit rencontrer Thomas Bach, à la fin de ce mois, avant de s’entretenir avec Sheikh Ahmad al-Fahad al-Sabah lors de la session du CIO en octobre prochain à Buenos Aires. Un double échange au cours duquel il pourrait être largement question de son avenir dans le mouvement olympique.