Une année. Au jour près. En ce jeudi 13 septembre 2018, un an pile s’est écoulé depuis la décision du CIO, à la session de Lima, d’attribuer à Paris l’organisation des Jeux olympiques et paralympiques en 2024.
La date n’est pas anodine. Osons la qualifier d’historique pour un mouvement sportif français tellement habitué à l’échec dans ses campagnes olympiques qu’il avait fini par se croire maudit.
Au COJO de Paris 2024, l’heure n’est pourtant pas à la célébration. Son équipe dirigeante met profil bas. Elle conserve le champagne au frais et les flonflons dans un placard. Rien n’a été prévu pour fêter en grandes pompes ce premier anniversaire. La négligence n’y est pour rien : les organisateurs préfèrent opter pour une attitude moins passéiste. En clair, pas question de regarder en arrière, même à 6 ans de l’échéance. Priorité à l’avenir, un oeil sur le compte-à-rebours, un autre sur la ligne d’horizon. Très classe.
Seule concession à la volonté affichée de faire comme si la journée était somme toute banale : la révélation d’un sondage d’opinion réalisé par l’Ifop auprès de la génération des 15/25 ans. Le COJO en a dévoilé les résultats en fin de journée, mercredi 12 septembre.
A en croire l’enquête, réalisée en ligne auprès d’un échantillon de 1002 personnes âgées de 15 à 25 ans, les jeunes marchent à fond derrière l’idée olympique. Ils sont 92% à estimer que l’organisation des Jeux de 2024 constitue « une bonne chose » pour la France. Cool. Mais, avouons-le, un résultat plus mitigé aurait semblé très inquiétant.
Le même sondage révèle que 72% des jeunes Français envisagent de suivre les Jeux de Paris 2024 à la télévision. Mais ils sont seulement 26% à projeter de se rendre dans un stade. C’est maigre.
Enfin, la majorité des personnes interrogées pense que les Jeux auront un effet positif. Une question où les chiffres s’avèrent assez nuancés d’un thème à l’autre. 81% des sondés anticipent un impact positif sur la pratique sportive, mais ils sont seulement 63% à imaginer que l’événement puisse améliorer le « vivre ensemble » dans la société. Résignée, la jeune génération.
Un sondage, donc. Le minimum syndical pour un comité d’organisation où il est demandé de laisser toute envie de triomphalisme aux vestiaires. Une année après le vote de Lima, Tony Estanguet peut pourtant se regarder dans la glace, au moment de nouer son nœud de cravate, avec un sourire de satisfaction. A ce stade du parcours, les trains arrivent à l’heure. Ils seraient même en avance, glisse-t-on à demi-mots dans les couloirs du COJO.
En prenant possession de son bureau de président des Jeux, Tony Estanguet avait dessiné sur un tableau noir cinq piliers censés figurer les chantiers prioritaires de l’année 2018. Ambitieux pour une première année, mais l’objectif semble atteint.
Premier chantier : le recrutement. Tony Estanguet rêvait d’une « dream team ». La suite dira si son équipe mérite une telle expression, mais le casting a été bouclé. Le COJO a embauché une vingtaine de directeurs. Ses effectifs comptent actuellement 64 personnes, un nombre légèrement supérieur à celui du comité de candidature.
Deuxième pilier : le dossier technique. Il n’a pas été simple. Le centre aquatique, notamment, a secoué l’édifice, révélant la fragilité du « consensus » politique autour du projet. Mais la carte des sites est désormais finalisée. Tout juste reste-t-il à placer certains sports, dont les futurs nouveaux entrants du programme.
Troisième dossier : le marketing. Comme pour le recrutement, aucun retard n’est à signaler. Mieux : Paris 2024 serait sur le point d’établir un record olympique. Le « Marketing plan agreement » a été validé et signé par le CIO. En vertu des règles du genre, Paris 2024 n’est pas autorisé à signer le moindre contrat de partenariat national avant le 1er janvier 2019. Mais le CIO a accepté une exception, à la demande de l’équipe parisienne. Le premier partenaire officiel des Jeux de Paris 2024 sera annoncé avant la fin de l’année, sans doute très rapidement. Un nom circule : le groupe bancaire BPCE (Banque Populaire Caisse d’Epargne).
Chapitre suivant : l’héritage. Moins concret mais jugé lui aussi prioritaire. A ce jour, rien de très spectaculaire, forcément, mais un patient travail de remise à plat des promesses de la candidature a été entamé avec les parties prenantes (Etat, région, ville de Paris, mouvement sportif).
Enfin, la vision. Un incontournable du jargon olympique. Le COJO a ouvert le dossier, avec la volonté affichée de ne plus le refermer avant d’avoir accouché d’une « plateforme de marque ». Elle est annoncée pour le début de l’année 2019. Kesako ? Un ensemble volontiers hétéroclite où vont se ranger les éléments visuels (couleurs, formes, police de caractères…), le slogan des Jeux, les mascottes, les valeurs… En un mot, l’image de Paris 2024, censée favoriser la mobilisation et l’engagement du grand public, du mouvement sportif, des partenaires. Pour le logo, en revanche, il faudra patienter. Il viendra plus tard, explique-t-on au COJO, suggérant qu’il n’était pas exclu d’opter pour une simple évolution de celui utilisé pour la candidature.