La révolution est en marche dans le sport africain. Le continent organisera en 2022 pour la première fois un événement olympique, les Jeux de la Jeunesse d’été. Ils sont promis au Sénégal. Avant cela, son association des comités nationaux olympiques, l’ACNOA, pourrait confier à une femme les clefs du bureau présidentiel.
Lydia Nsekera, la présidente du comité olympique du Burundi, a annoncé en fin de semaine passée sa décision de se présenter à la prochaine élection à la présidence. Elle est prévue le 29 novembre 2018 à Tokyo, en marge de l’assemblée générale annuelle de l’Association des comités nationaux olympiques (ACNO). La dirigeante africaine s’est déclarée à l’occasion d’une conférence presse à Bujumbura, la capitale du Burundi.
« Je veux vous informer que si mes collègues m’accordent leur confiance, la priorité sera donnée à la création d’un climat de confiance, à l’unification du continent, mais surtout à l’établissement des principes de bonne gouvernance, a-t-elle expliqué au moment de lever le voile sur son programme de campagne. Je me suis rendue compte que notre continent souffre de déchirements et qu’il nécessitait du sang nouveau pour se redresser. J’ai bien réfléchi, et au vu de mon expérience en tant que dirigeante tant au plan national qu’international, je crois pouvoir contribuer à son redressement. »
Pour rappel, l’ACNOA doit procéder à une nouvelle élection à la présidence depuis la décision du Tribunal arbitral du sport (TAS) d’invalider le scrutin du mois de mai 2017. L’Ivoirien Lassana Palenfo, le sortant, avait remporté la mise. Son unique rival, le Camerounais Hamad Kalkaba Malboum, avait été interdit d’aller jusqu’au bout de la campagne.
Mais les experts du TAS, saisi par le battu, ont estimé son exclusion abusive. Ils ont annulé l’élection du printemps 2017 et ordonné l’organisation d’un nouveau scrutin. Un vote pour lequel Lassana Palenfo a finalement décidé de ne pas se présenter.
A 51 ans, Lydia Nsekera bénéficie d’une impeccable réputation dans le mouvement sportif international. Elle est membre du CIO depuis 2009, une institution où elle préside notamment la commission Femmes et Sport.
Dans l’univers du football, son parcours lui a déjà ouvert les portes de l’histoire. Elle est devenue en 2004 la première femme à présider une fédération nationale en Afrique, dans son pays natal, le Burundi. Puis elle a fait mieux encore à l’échelon international, en intégrant le comité exécutif de la FIFA en 2012. Jusque-là, les portes en étaient toujours restées fermées aux femmes.
Une pointure, donc. La candidate de l’unité et du redressement. Suffisant ? Pas sûr. Pour succéder à Lassana Palenfo à la tête de l’ACNOA, Lydia Nsekera devra écarter deux autres poids lourds du mouvement sportif africain, entrés avant elle en campagne.
Le premier est algérien. Mustapha Berraf, le président du comité olympique algérien, connaît bien la maison. Vice-président de l’ACNOA, il a officié comme président par intérim depuis la mise à l’écart de Lassana Palenfo. Il aurait, dit-on, le soutien du militaire ivoirien. Un atout, certainement, tant l’influence du dirigeant africain reste importante. Mais, dans le même camp, Mustapha Berraf pourrait avoir du mal à rallier les partisans du changement.
L’autre candidat, Hamad Kalkaba Malboum, s’est refait une santé depuis la décision du TAS d’annuler le résultat de la dernière élection. Président de l’Association africaine d’athlétisme, le Camerounais peut compter sur des soutiens solides au sein de l’ACNOA. Il sait mener campagne.
Détail tout sauf anecdotique : Lydia Nsekera siégeait au comité exécutif de l’ACNOA qui avait décidé, l’an passé, d’exclure Hamad Kalkaba Malboum de l’élection à la présidence. Mustapha Berraf en faisait également partie.
En cas de victoire, jeudi 29 novembre à Tokyo, la Burundaise deviendrait la première femme de l’histoire à présider une association continentale de comités nationaux olympiques.