Encore raté. Pour la 4ème fois, la Turquie a connu l’échec dans sa tentative d’organiser l’Euro de football. Jeudi après-midi, à Nyon, le comité exécutif de l’UEFA lui a préféré l’Allemagne pour l’accueil de l’édition 2024 du tournoi européen.
En soi, la décision de l’UEFA n’a rien d’une surprise. Les Allemands étaient favoris. Leur dossier de candidature avait été jugé sans tache par la commission d’évaluation, appelée à soupeser les forces et les faiblesses des deux pays rivaux. A l’Allemagne, elle n’avait trouvé que des atouts. En face, le projet turc soulevait plusieurs interrogations, notamment la question des droits de l’Homme et l’impact sur l’économie du régime du président Recep Tayyip Erdogan.
Jeudi après-midi, le scrutin a révélé sans nuance le déséquilibre des forces. L’Allemagne a obtenu 12 voix, la Turquie en a recueilli seulement 4. Reinhard Grindel, le président de la Fédération allemande, et Servet Yardimci, le vice-président de la Fédération turque, n’ont pas pu prendre part au vote. Un troisième membre du comité exécutif, le Suédois Lars-Christer Olsson, s’était fait porter pâle.
L’Euro 2024 réunira 24 équipes et comptera 51 rencontres, disputées dans dix stades déjà construits, dont l’Allianz Arena de Munich et le Stade olympique de Berlin.
A l’annonce du résultat, la délégation allemande a affiché sa joie sans retenue. « Nous voulons organiser une grande fête du football et montrer au monde à quel point notre pays peut être hospitalier », a promis Philipp Lahm, l’ancien capitaine de la sélection allemande, déjà désigné patron du comité d’organisation.
« Je voudrais remercier le comité exécutif de l’UEFA pour sa confiance incroyable et j’en mesure la responsabilité », a insisté Reinhard Grindel. Joachim Löw, le sélectionneur allemand, s’est montré de son côté plus énigmatique. Interrogé sur les raisons d’un succès large et indiscutable, il a glissé un laconique : « Je ne sais pas… le dossier turc aussi était bon. »
Dans le camp des battus, le résultat du vote a été vécu comme un nouvel affront. Les représentants de la candidature turque ne se sont pas présentés devant la presse à l’issue du scrutin. En Turquie, le ministre des Sports, Muharrem Kasapoglu, n’a pas retenu ses mots devant les médias nationaux. « C’est désolant pour l’UEFA et pour l’Euro 2024 que notre pays ne l’ait pas obtenu en dépit de toutes ses forces, a-t-il lâché. Nous n’avons rien perdu en tant que pays. C’est l’Euro 2024 qui perd notre expertise et notre hospitalité. »
Plus que la victoire allemande, somme toute logique, le choix de l’UEFA met une nouvelle fois en lumière l’incapacité de la Turquie à convaincre les grandes institutions sportives internationales. Elle est battue pour la 4ème fois dans une campagne pour l’Euro de football. La France l’avait devancée d’une seule voix pour l’organisation de l’édition 2016. A l’époque, il était légitime de l’imaginer toute proche du but. Elle vient pourtant de reculer.
Une même succession d’échecs enveloppe ses ambitions olympiques. La Turquie a tenté à cinq reprises de décrocher l’organisation des Jeux d’été. Le dossier présenté par Istanbul pour les Jeux en 2020 semblait de taille à l’emporter. Au dernier tour du scrutin, lors de la session du CIO en septembre 2013, il a été balayé comme du petit bois par la candidature de Tokyo (60 voix à 36).
Question : la candidature d’Erzurum pour les Jeux d’hiver 2026 mettra-t-elle fin à cette décourageante succession de camouflets ? Sur le papier, les chances du dossier turc semblent minces. Mais l’appauvrissement de la concurrence pourrait, à l’arrivée, lui ouvrir les portes de la victoire.