Clap de fin pour le Mondial masculin de volley-ball. Dimanche 30 septembre 2018, la Pologne a battu le Brésil pour la médaille d’or, dans un Pala Alpitour de Turin plein comme un œuf. Dans les tribunes, pas moins de 12.000 spectateurs, chauffés jusqu’à l’ébullition par une équipe d’animation montée sur ressort.
Au dernier rang de la tribune officielle, le président de la Fédération internationale de volley-ball (FIVB), Ary S. Graça, a apprécié. Le Brésilien aurait préféré une victoire de son pays, sèchement dominé en trois sets. Mais l’essentiel était ailleurs. Le Mondial 2018, le premier de l’histoire organisé par deux nations, Italie et Bulgarie, a répondu à ses attentes. « Le produit volley-ball se vend bien, dit-il. Je peux même dire qu’il ne s’est jamais aussi bien vendu. »
Elu à la tête de la FIVB en 2012, puis réélu sans opposition en 2016 pour un mandat de 8 ans, Ary S. Graça peine à masquer sa fierté à l’heure de dresser le bilan de ses 6 premières années de présidence. Le Mondial 2018 l’a conforté dans ses certitudes : le volley-ball a réussi sa révolution. Il s’est délesté de son image de sport de connaisseurs, spectaculaire mais élitiste, pour prendre le train du progrès technologique et du virage digital.
Elizaveta Bracht-Tischenko, une ancienne joueuse russe recrutée par la FIVB, où elle occupe aujourd’hui le poste de sous-directrice du département commercial, explique : « Nous avons commencé à travailler sur le marketing 5 ou 6 ans en arrière. Le volley-ball que nous proposons aujourd’hui n’a plus rien à voir avec celui d’hier. Le changement est total. »
Au Mondial 2018, en Italie et Bulgarie, la FIVB a donné à son « produit » un habillage de sport-spectacle. L’équipe d’animation comptait 30 personnes, dont un DJ italien, missionnées pour secouer le public jusqu’à son dernier souffle. Pas moins de 35 caméras ont été déployées sur et autour du terrain, dont 7 dédiées au seul filet. Bluffant. Mais Steve Tutton, le manager du département innovation et technique à la FIVB, en veut plus : « J’espère en avoir 10 ou 11 sur le filet pour la prochaine édition de la Ligue des Nations. Nous voulons en montrer un maximum au public. »
A Turin, la FIVB a bousculé ses vieux standards pour l’entrée en scène des joueurs et des arbitres. Les équipes ont rejoint le terrain par le haut de l’enceinte, descendant un long escalier dans une explosion de lumières, de fumigènes et de décibels. Une grande première pour un sport jusque-là plus habitué à s’envelopper dans la sobriété.
Le reste est à l’avenant. « Nous avons utilisé pour ce Mondial la meilleure sono qu’il soit possible aujourd’hui de louer pour un événement sportif », explique Steve Tutton. Quatre écrans géants ont été installés dans les coins de l’enceinte turinoise. Ary S. Graça l’explique : « Les spectateurs font partie intégrante du show. Ils comptent autant que les joueurs pour la réussite d’une grande compétition. »
Volontiers visionnaire, le président de la FIVB raconte avoir réalisé à l’occasion d’un voyage en train, entre deux villes japonaises, l’importance de réussir le virage digital : « Autour de moi, tous les jeunes Asiatiques avaient les yeux rivés sur leurs smartphones. Pour cette génération, la télévision n’existe plus. Tout se passe en streaming. »
Depuis, la FIVB a lancé sa propre plateforme de diffusion, VolleyBall TV. Pour seulement 20 dollars, les internautes pouvaient s’offrir la totalité des rencontres de la Ligue des Nations (VNL), le dernier produit estampillé FIVB, lancé cette année pour remplacer la Ligue Mondiale masculine et le Grand Prix féminin. Elle en a confié à IMG la production audiovisuelle. Une première, là aussi.
A en croire Ary S. Graça, le produit volley-ball fait un tabac auprès des partenaires. « Pour tous les contrats de sponsoring que nous avons récemment renégociés, les montants sont multipliés par 10″, jure le dirigeant brésilien. Le volley-ball ne connaît plus la crise.