Un choc. Une tragédie. Le mouvement olympique international vient de perdre l’un de ses dirigeants les plus influents, en même temps qu’un homme accessible, ouvert et intègre. Le Suisse Patrick Baumann a succombé à une crise cardiaque, dimanche 14 octobre à Buenos Aires, où il était présent pour les Jeux de la Jeunesse. Marié et père de deux enfants de 17 et 13 ans, il était âgé de 51 ans.
Ancien joueur, puis coach et arbitre de basket, Patrick Baumann avait débuté sa carrière comme juriste, après une solide formation universitaire entre les Etats-Unis, la France et la Suisse (MBA à Chicago, diplôme d’avocat à Lausanne, Master à Lyon). A 24 ans, il entre à la FIBA, où il grimpe rapidement les échelons, jusqu’à devenir l’adjoint du secrétaire général, Borislav Stanković. Il lui succède, à l’unanimité, en 2002.
En 2007, Patrick Baumann est élu membre du CIO. Une nouvelle fois, il ne tarde pas à se faire remarquer, grâce à son réseau, son ouverture d’esprit et son sens du contact. Polyglotte (il parle cinq langues), il devient l’un des hommes de confiance de Thomas Bach.
Le président du CIO lui demande de remplacer au pied levé le Namibien Frankie Fredericks, soupçonné de corruption, à la tête de la commission d’évaluation des Jeux olympiques 2024. Après le double vote de la session de Lima en septembre 2017, il est désigné très naturellement président de la commission de coordination des Jeux de Los Angeles 2028.
Dans le même temps, le Suisse creuse avec patience son sillon dans le mouvement olympique. Il le fait à sa manière, volubile et avenante, jamais en retard d’un bon mot ou d’un sourire. Le résultat s’avère spectaculaire. Au printemps 2016, il est élu à la présidence de l’Association mondiale des fédérations sportives internationales (GAISF), ex SportAccord. Quelques mois plus tôt, il a conduit le dossier de Lausanne, sa ville d’adoption, à la victoire dans la course aux Jeux de la Jeunesse d’hiver en 2020, dont il était devenu le président du comité d’organisation. Il siégeait également au comité exécutif de l’Agence mondiale antidopage.
Sa débauche d’activité et son grand nombre de casquettes ne l’ont jamais détourné de son premier sport, le basket. Militant de la première heure du 3×3, il avait œuvré à son entrée dans le programme olympique, dans un premier temps aux Jeux de la Jeunesse, puis comme discipline officielle aux Jeux de Tokyo en 2020.
A l’annonce de son décès, les hommages et les réactions ont été nombreuses dans le mouvement sportif. Thomas Bach a salué la mémoire d’un « jeune et sympathique leader, plein d’espoir, qui se battait pour l’avenir du sport. » Tony Estanguet, le président du COJO Paris 2024, a évoqué « un leader moderne, un ardent défenseur du sport dans le monde. » Pour Casey Waserman, le patron des Jeux de Los Angeles 2028, il était « un partenaire et un ami. »
Une minute de silence a été respectée, dimanche 14 octobre, dans les championnats de la Swiss Basketball League. A Lausanne, le drapeau olympique a été mis en berne pour trois jours.