Ses bureaux sont nichés dans la quiétude d’un immeuble de Lausanne, mais l’AIBA semble étrangère à la tranquillité. A deux semaines d’un congrès électif annoncé décisif pour son avenir olympique, l’organisation internationale de la boxe propose un nouvel épisode du feuilleton de sa gouvernance.
Dans le rôle principal, Serik Konakbayev (photo ci-dessus). Un costaud. A tous les sens du terme. Médaillé d’argent olympique chez les super-légers aux Jeux de Moscou en 1980, sous les couleurs de l’Union Soviétique, le Kazakh a pris du poids. Président de la Confédération asiatique de boxe, il se dresse en opposant à l’Ouzbek Gafur Rakhimov pour diriger l’AIBA au terme de l’élection lors du congrès de Moscou, prévu les 2 et 3 novembre 2018.
Seul ennui : sa lettre de candidature à l’élection présidentielle, accompagnée du soutien d’au moins 20 fédérations nationales, est arrivée en retard au siège de l’AIBA. La date limite avait été fixée au 23 septembre à minuit. Un dimanche. Le courrier envoyé par le dirigeant kazakh a été réceptionné le lendemain.
Serik Konakbayev a fait appel devant le TAS. Logique mais incertain. Le Tribunal arbitral du sport a confirmé avoir reçu son recours.
Mais, surprise, l’ex boxeur kazakh n’aura pas à attendre la décision des experts du TAS pour préparer le dernier round de sa campagne électorale. Serik Konakbayev en a informé lui-même les futurs votants dans un courrier daté du mercredi 17 octobre, rédigé depuis Almaty, au Kazakhstan : le feu vert lui a été donné pour poursuivre sa campagne et espérer disputer à Gafur Rakhimov le siège présidentiel.
« On m’a informé que le TAS tiendra son audience et décidera de mon éligibilité le 30 octobre, écrit Serik Konakbayev. Comme cette audience est trop proche de la date des élections, je suis autorisé à reprendre ma campagne électorale pour préserver mon droit de promouvoir ma candidature. »
Le dirigeant kazakh poursuit : « J’ai bon espoir que le TAS étudiera tous les documents que je lui ai fourni avec le même point de vue que moi. »
A ce stade du feuilleton, Gafur Rakhimov est toujours seul en course. Son rival est certes autorisé à poursuivre sa campagne, mais il reste suspendu à la décision du TAS.
Il n’empêche, le feu vert obtenu par Serik Konakbayev sonne comme une bonne nouvelle pour le monde de la boxe olympique. Il laisse la porte ouverte à un vrai scrutin, au début du mois prochain à Moscou. Il repousse l’évidence d’une prise de pouvoir durable d’un homme, l’Ouzbek Gafur Rakhimov, dont le CIO ne veut pas entendre parler comme président d’une fédération olympique.
A l’AIBA, la perspective de voir le CIO mettre à exécution sa menace d’une exclusion en cas de victoire de Gafur Rakhimov en inquiète plus d’un. Logique. Certes, l’organisation olympique se veut rassurante en précisant que les boxeurs n’auraient pas à subir les errements de leurs dirigeants. Thomas Bach a précisé, en début de mois à Buenos Aires, que l’éventuelle exclusion de l’AIBA du mouvement n’entrerait pas forcément l’absence de la boxe du programme des Jeux de Tokyo 2020.
Mais les fédérations nationales s’inquiètent. On les comprend. Pour beaucoup d’entre elles, le retrait du label olympique pourrait se traduire par une réduction sévère des subventions. Reste à savoir combien d’entre elles choisiraient l’option Serik Konakbayev au moment de glisser leur bulletin dans l’urne.