Clap de fin sur les Mondiaux de volley-ball. Samedi 20 octobre, la Serbie a dominé l’Italie en 5 manches pour s’offrir le titre mondial féminin, au terme d’un tournoi disputé au Japon (photo ci-dessus). Trois semaines plus tôt, la Pologne avait giflé l’orgueil brésilien en finale du Mondial masculin, co-organisé par l’Italie et la Bulgarie.
En soi, rien de très nouveau. Pourtant, les choses changent dans l’univers du volley-ball. Le présent ne ressemble plus au passé. Et l’avenir s’annonce encore plus inédit. Le Brésilien Ary S. Graça, président de la Fédération internationale (FIVB), n’hésite pas à parler d’une révolution. Il l’a expliqué à FrancsJeux.
FrancsJeux : Les deux championnats du monde 2018, masculin puis féminin, ont-ils répondu à vos attentes ?
Ary S. Graça : Complètement. Je peux vous le dire maintenant, le Mondial masculin, en Italie et en Bulgarie, m’inquiétait un peu. Les deux pays n’ont pas la même culture. Je pensais que je n’en dormirai pas de la nuit. Mais tout s’est passé comme sur des roulettes. Le dernier week-end s’est disputé à guichets fermés à Turin, alors que l’Italie était déjà éliminée. Aujourd’hui, le volley-ball n’a jamais été aussi universel. Il se répand partout dans le monde. Au Mondial féminin, l’Argentine a participé pour la première fois et l’Afrique était représentée par deux pays, le Kenya et le Cameroun.
Les deux événements pèsent-ils du même poids ?
A la FIVB, nous avons fait de la parité l’une de nos priorités. Et nous ne nous en écarterons pas. En Europe, le volley-ball masculin reste dominant, mais le phénomène est inverse en Asie. En Thaïlande, par exemple, les filles sont extrêmement populaires. En Chine, nous avons multiplié par 10 le montant de nos droits de télévision. Les Chinois vont organiser trois éditions consécutives de la phase finale de la Ligue des Nations féminine.
Le volley-ball a longtemps semblé un peu à la traîne de l’évolution digitale. Pensez-vous avoir rattrapé votre retard ?
Oui. Nous avons investi des sommes considérables, au cours des dernières années, dans la technologie et le numérique. Avec le tennis, nous sommes à la pointe du mouvement pour l’arbitrage vidéo. Sur le digital, nous avons signé un accord de partenariat avec Microsoft. Aujourd’hui, il n’est plus possible de dépendre des chaînes de télévision car nous savons que la nouvelle génération ne veut plus suivre les rencontres comme le faisait la précédente. Nous savons que la moitié de notre audience se fera, dans les 5 ans à venir, via le digital. C’est pour cela que nous avons autant investi sur notre plateforme numérique.
La révolution que vous évoquez a-t-elle déjà un impact en termes de retombées commerciales ?
Oui. Tous les contrats que nous renégocions sont revus à la hausse, parfois dans des proportions très importantes, jusqu’à 10 fois supérieures. J’ai été banquier, je connais l’importance du business. Aujourd’hui le volley-ball n’est pas seulement en concurrence avec les autres sports, il doit aussi lutter contre l’industrie des loisirs et du spectacle. Nous avons besoin de beaucoup d’argent pour nous développer sur le plan mondial. En Chine, par exemple, il n’existait pas de championnat national. Nous avons aidé la fédération chinoise à en créer un. Nous lui avons accordé une aide de 10 millions de dollars. Je veux aller en Inde. Aux Etats-Unis, également, où le volley-ball est le sport féminin numéro 1 au lycée, mais il n’existe aucun circuit national professionnel. Résultat : plus de 500 joueuses américaines évoluent à l’étranger.
Vous comptez procéder de la même manière sur le continent africain, en aidant financièrement les fédérations nationales ?
Nous allons les aider financièrement, bien sûr, mais sans nous contenter de signer un chèque. Je veux que l’aide soit la contrepartie d’un projet détaillé, avec un soutien du comité national olympique et du gouvernement. Et nous irons vérifier, sur le terrain, que l’argent versé a été utilisé comme annoncé.
Etes-vous satisfait de l’actuelle formule des championnats du monde, avec une succession de trois phases suivie par un final 6 ?
Non. Au Mondial masculin, cette année, cette formule n’a pas donné satisfaction. Nous avons eu des matchs sans enjeu, disputés par les remplaçants. C’est inacceptable. Nous allons donc encore changer la formule, en nous inspirant sans doute de la Coupe du Monde de football de la FIFA. Tu perds, tu t’en vas. Nous aurons moins de rencontres, mais la compétition sera plus intéressante.