L’Argentine a passé le témoin au Sénégal. Après Buenos Aires 2018, les Jeux de la Jeunesse feront étape à Dakar en 2022. L’événement s’annonce historique : il sera le premier rendez-vous olympique sur le sol africain.
Le continent sera-t-il prêt ? Quel rôle joueront les athlètes africains dans la préparation et l’organisation ? FrancsJeux a interrogé Benjamin Boukpeti, l’ancien kayakiste, premier médaillé olympique de l’histoire du Togo (il avait décroché la médaille de bronze en K1 slalom aux Jeux de Pékin en 2008). Membre de la commission des athlètes de l’ACNOA, il était présent jeudi 18 octobre au forum régional Peace and Sport sur l’île grecque de Rhodes.
FrancsJeux : Quel regard portez-vous sur l’attribution à Dakar des Jeux de la Jeunesse en 2022 ?
Benjamin Boukpeti : Je trouve cela super, évidemment. Pour l’Afrique, cet événement va constituer un premier pas nécessaire. Thomas Bach avait annoncé dès son arrivée à la tête du CIO son ambition de faire de l’Afrique un acteur majeur du mouvement olympique. Cette désignation le concrétise. Maintenant, un vrai challenge débute. Mais, au-delà des questions liées aux sites et aux infrastructures, les Jeux de la Jeunesse 2022 offrent à l’Afrique l’opportunité de montrer qu’elle a la capacité de réussir. Pour les jeunes sur le continent, l’impact peut être considérable. L’événement leur ouvre des portes et leur offre une véritable fenêtre.
L’Afrique est-elle prête à relever le défi ?
Je ne peux pas répondre maintenant. On verra. Aujourd’hui, elle n’a pas peut-être pas le niveau de maturité nécessaire, mais les quatre années de préparation peuvent lui permettre d’y accéder. La jeune génération va profiter à plein de l’événement pour brûler les étapes.
Quel rôle vont jouer les athlètes africains dans la préparation et l’organisation des Jeux de la Jeunesse 2022 à Dakar ?
Ils vont être très fortement impliqués, dès le début. Cela fait partie du cahier des charges imposé par le CIO. Kirsty Coventry, la présidente de la commission des athlètes du CIO, s’est déjà vue confier une grande responsabilité avec la présidence de la commission de coordination. Elle ne sera pas la seule. Les athlètes africains sont nombreux aujourd’hui à vouloir jouer un rôle dans le mouvement sportif, national ou international. J’en fais partie. Dans le cas des Jeux de la Jeunesse de Dakar, je suis très intéressé par la perspective de pouvoir servir de relais avec les Africains qui voudront s’impliquer dans l’organisation pour aider au développement du continent. Cet événement constitue une opportunité historique, non seulement pour le Sénégal et l’Afrique, mais aussi pour les nouvelles générations.
Vous-même, comment concrétisez-vous votre volonté de vous impliquer dans le mouvement sportif ?
Je siège à la commission des athlètes de l’ACNOA. Elle a organisé un forum au mois de septembre dernier au Zimbabwe. Mais je suis plus impliqué comme Champion de la Paix de l’organisation Peace and Sport. J’y suis très actif en France, sur le terrain, par des actions concrètes. Je participe à des ateliers sportifs avec la PJJ (Protection judiciaire de la jeunesse), où nous intervenons auprès de mineurs en utilisant le sport, ses règles et ses valeurs, pour les reconnecter avec la société. Je travaille également, dans la même direction, avec des personnes isolées : jeunes adultes en difficulté d’insertion, migrants, demandeurs d’emploi… Nous venons régulièrement les voir pour leur expliquer que nous croyons en eux et en leurs chances de s’en sortir. Elles doivent retrouver la confiance. La présence à leurs côtés d’un champion peut y contribuer.