Gianni Infantino est en campagne. Et il le fait savoir. A moins d’une année de l’élection à la présidence de la FIFA, où il sera candidat à sa propre succession, le Suisse dévoile ses plans pour l’avenir du football mondial. Ils décoiffent.
A trois jours d’une réunion du Conseil de la FIFA, vendredi 26 octobre à Kigali, au Rwanda, Gianni Infantino a levé un coin du voile sur ses projets pour gonfler encore les caisses du football international. Sans craindre le trop-plein, le dirigeant suisse veut proposer deux nouveaux tournois planétaires.
Le premier s’annonce spectaculaire. Une Coupe du Monde en version miniature, réduite à 8 équipes, organisée une année sur deux, les années impaires. Elle se déroulerait à l’automne, sans doute en octobre ou novembre. Elle remplacerait l’actuelle Coupe des Confédérations, dont l’éloge funèbre est déjà en cours de rédaction dans les bureaux de la FIFA à Zurich.
La seconde concerne les clubs. Gianni Infantino veut leur offrir un Mondial à 16 ou 24 équipes, organisé tous les 4 ans à partir de l’année 2021. Le président de la FIFA en avait dévoilé les grandes lignes en avril dernier. Sa nouvelle Coupe du Monde des clubs enterrerait l’actuelle, réduite à 7 formations. Elle assurerait aux clubs participants un pactole moyen supérieur à 100 millions d’euros.
L’argent ? « J’en ai les plein les poches », suggère en substance Gianni Infantino. En juin dernier, il s’en était expliqué dans une lettre envoyée aux 36 membres du Conseil de la FIFA, révélant avoir débuté les discussions avec un mystérieux consortium d’investisseurs prêt à injecter 25 milliards de dollars sur 12 ans, à compter de l’année 2021. Gianni Infantino n’a jamais voulu dévoiler l’identité des donateurs, mais plusieurs sources ont cité le conglomérat japonais SoftBank comme tête de file du consortium.
Le Suisse veut brosser les fédérations nationales dans le sens du poil. Déterminé à conserver son siège, il a promis que la FIFA investirait au moins 4 milliards de dollars dans le développement du football à l’horizon 2026. Pour respecter ses engagements, il lui faut attirer les investisseurs, au risque de faire craquer les coutures d’un calendrier déjà au bord de l’asphyxie.
Les deux propositions de Gianni Infantino seront discutées vendredi à Kigali. Elles figurent à l’ordre du jour de la réunion du Conseil de la FIFA. Seront-elles soumises au vote ? Rien n’est clair.
Seule certitude : l’UEFA et son président, le Slovène Aleksander Ceferin, tenteront d’y faire obstacle. L’organisation du football européen vient de lancer en septembre dernier sa propre Ligue des Nations. Elle ne veut pas d’une Coupe du Monde en format réduit qui pourrait lui faire concurrence et l’obliger à alléger son calendrier. Elle s’inquiète également de la création d’un Mondial des clubs à 16 ou 24 équipes, susceptible de faire de l’ombre une fois tous les 4 ans à sa Ligue des Champions.
Aleksander Ceferin a qualifié de « mercantilisme extrêmement cynique et impitoyable » les projets planétaires brandis en juin dernier par Gianni Infantino. A Kigali, la réunion s’annonce houleuse.