Surréaliste. Entre Calgary et Stockholm, deux des trois villes en compétition pour l’organisation des Jeux d’hiver en 2026, les opposants au projet olympique se rendent coup pour coup. Et, fait inédit, ils appellent à voter pour le dossier rival.
En début de semaine, la Fédération canadienne des contribuables (CTF) a publiquement appelé ses membres à soutenir la candidature de Stockholm. Plusieurs de ses militants se sont postés sur le parking du magasin Ikea de Calgary. Drapés dans un drapeau suédois, ils ont distribué aux passants des boulettes de viande.
Franco Terrazzano, le directeur de la CTF en Alberta, a expliqué aux médias canadiens que le projet porté par Stockholm constituerait une bien meilleure option pour le CIO, puisqu’il promet un financement à 90% par des fonds privés. « La dernière chose dont Calgary a besoin, c’est plus d’impôts, plus de dette publique et plus de gestion gouvernementale », a-t-il martelé, cité par le Calgary Herald.
A Stockholm, les opposants à la candidature suédoise n’ont pas apprécié. Ils ont accueilli l’initiative canadienne comme un coup bas. Puis ils ont riposté.
Christian Ekström, le directeur général de l’Association suédoise des contribuables, s’est fendu d’un communiqué en forme de mise au point sur la réalité comparée des deux projets olympiques. « Suggérer que Stockholm soit un bon endroit pour organiser les Jeux d’hiver est tout simplement une fausse information, explique-t-il. La Suède affiche déjà un taux d’imposition plus élevé que le Canada. Son ratio atteint 44% du PIB, alors qu’il en est à seulement 32% au Canada. Il serait donc plus juste que le Canada soit désigné pour recevoir les Jeux d’hiver en 2026. »
Déterminé à rendre coup pour coup, Christian Ekström a répliqué à l’opération menée par la CTF de l’Alberta sur le parking d’Ikea à Calgary. Il a posé pour les photographes en portant une bannière très explicite, décorée d’une feuille d’érable et d’une bouteille de sirop d’érable, portant la formule suivante : « Faisons encore payer le Canada. »
Dans les deux camps, les meneurs de la fronde se défendent de rejeter l’idéal olympique et de chercher à dénigrer les Jeux d’hiver. Ils n’en veulent simplement pas à leur porte. Christian Ekström explique : « Nous protestons contre le projet d’organiser les JO 2026 à Stockholm car nous pensons, comme nos amis contribuables canadiens, qu’ils coûteraient une énorme somme d’argent prélevée par les impôts. Il en est toujours ainsi. Je ne pense pas que la Suède soit un bon choix, mais si nous avions la certitude que les Jeux ne coûteraient rien aux contribuables, nous ne chercherions pas à nous y opposer. »
Pour les uns comme pour les autres, la suite s’annonce décisive. A Calgary, un référendum doit sceller dans moins de 3 semaines, mardi 13 novembre, le sort de la candidature. A Stockholm, les porteurs du projet n’ont plus que quelques semaines pour obtenir un soutien des autorités politiques, locales et nationales. Les trois candidatures doivent déposer leur dossier au CIO au plus tard le 11 janvier 2019.
Reste le cas italien. Le binôme formé par Milan et Cortina d’Ampezzo a été épargné, jusque-là, par les manifestations d’opposition des anti-Jeux. Pour combien de temps ? « J’ai proposé à nos amis canadiens que nous devrions essayer d’embarquer avec nous les contribuables italiens, a confié Christian Ekström au Calgary Herald. Nous pourrions faire équipe. »