Rien n’est encore gagné, mais le pire a été évité. Mercredi 31 octobre, la candidature de Calgary au Jeux d’hiver 2026 a survécu à une journée annoncée décisive pour son avenir. Elle a surmonté l’obstacle d’un vote aux allures de couperet.
Réunis dans une immense salle de l’Hôtel de Ville, les conseillers municipaux ont débattu pendant près de huit heures de la candidature aux JO d’hiver. Ils l’ont fait en séance publique. Ils ont joué à fond le jeu de la transparence et de la démocratie. Ils ont bombardé de questions les membres du comité d’évaluation des Jeux, le personnel municipal et les experts invités à s’exprimer. Tous les chiffres ont été dévoilés, sans la moindre volonté de confidentialité. Rarissime.
Au terme des débats, le vote du conseil municipal reflète les divisions autour d’un projet olympique chahuté depuis le début comme une coque de navire dans la tempête. Les partisans de l’abandon de la candidature ont été les plus nombreux, 8 contre 7. Mais la motion recommandant le retrait de la candidature exigeait une majorité de 10 voix sur les 15 exprimées.
Le rêve olympique de Calgary peut continuer. Il reste en vie jusqu’à la prochaine étape, elle aussi décisive : le référendum sur la candidature, organisé le 13 novembre à Calgary et dans la ville voisine de Canmore.
A l’évidence, l’accord conclu la veille au soir, quelques heures seulement avant le début du conseil municipal, entre gouvernement fédéral et la province de l’Alberta sur le financement public des Jeux, a joué un rôle majeur dans l’issue du scrutin.
Selon ses termes, la ville de Calgary déboursera 370 millions de dollars canadiens (240 M€), tandis que l’Alberta apportera 700 millions (470 M€) et le gouvernement canadien 1,4 milliard (940 M€). Calgary devra également investir 150 millions de dollars (100 M€) dans la rénovation d’un futur site, et souscrire une assurance pour une garantie de 200 millions (134 M€) dans le cas d’un dépassement de coûts.
Mercredi 31 octobre, la candidature canadienne n’a pas seulement obtenu un sursis. Elle a également subi une cure d’amaigrissement. Initialement estimé à 5,2 milliards de dollars canadiens (3,49 milliards d’euros), le budget des Jeux d’hiver en est désormais à 5,075 milliards de dollars.
Le miracle ? Une baisse du coût estimé de la sécurité (- 155 millions de dollars), et une réduction du nombre de logements sociaux hérités du village des athlètes (- 45 millions de dollars). Le plan initial prévoyait 2800 logements, mais seulement 1800 seront construits.
Depuis le siège du gouvernement à Ottawa, le premier ministre Justin Trudeau a salué sans nuance la décision des élus municipaux. « Le gouvernement va promouvoir les Jeux olympiques à Calgary, a-t-il assuré. Il reviendra aux habitants de Calgary et de l’Alberta de voir s’ils veulent avoir les Jeux d’hiver, mais nous allons les appuyer pleinement, de la même façon dont nous avons appuyé les Jeux de Vancouver en 2010, les Jeux panaméricains à Toronto en 2015, et que nous allons le faire lors des Jeux de la Francophonie 2021 à Moncton. »
Un obstacle est franchi, mais le suivant s’annonce de taille. La question olympique sera soumise au référendum dans moins de deux semaines, mardi 13 novembre. D’ici là, les deux camps vont continuer à s’affronter. Evan Wooley, l’un des conseillers municipaux, l’a expliqué mercredi aux médias canadiens : certaines questions restent encore sans réponse. « Sur les 3 milliards de dollars du budget original, 285 millions de dollars ont été retirés, mais on ne sait pas comment et pourquoi », relève-t-il. Le pire a été évité, mais rien n’est encore gagné.