Candidatures

A Calgary, les deux camps jouent leurs dernières cartes

— Publié le 12 novembre 2018

J – 1 à Calgary. Mardi 13 novembre, la population de la ville canadienne sera appelée à se prononcer par référendum sur la candidature aux Jeux d’hiver 2026. A quelques poignées d’heures de l’ouverture des bureaux de vote, le scrutin reste toujours aussi incertain. Il n’est même pas certain qu’il soit aussi décisif que prévu quant à la poursuite du projet. Etat des lieux et perspectives.

Le scrutin. Les Canadiens ont choisi la simplicité. Mardi 13 novembre, les habitants de Calgary (1,24 million d’habitants), et de Canmore (11 600), devront répondre par oui ou par non à la question suivante : « Etes-vous pour, ou êtes-vous contre, Calgary comme ville-hôte des Jeux olympiques et paralympiques d’hiver en 2026 ? » La formulation ne révèle aucune ambiguïté. Les bureaux de vote fermeront à 20 h. Le résultat devrait être connu dans les 2 ou 3 heures suivantes. Environ 55.000 personnes ont déjà voté par anticipation, la semaine passée.

La tendance. Elle penche vers le non. Le dernier sondage en date, réalisé pour la chaîne de télévision CBC News, a révélé une avance nette pour le camp des opposants aux Jeux. L’enquête a été menée sur un faible échantillon d’électeurs, seulement 243 personnes à Calgary et environ 900 sur l’ensemble de la province. A Calgary même, 55% des personnes interrogées se sont déclarées hostiles aux Jeux d’hiver en 2026, contre seulement 35% de soutiens au projet olympique et 10% d’indécis. A l’échelle de la province, le oui l’emportait avec 51% des réponses, contre 36% au non et 13% d’indécis.

L’ambiance. Elle reste pacifique, mais les deux camps ont jeté au cours du week-end leurs dernières forces dans la bataille. Samedi 10 novembre, le camp du non a rassemblé ses militants sur la place olympique de Calgary, pour un meeting de mobilisation. L’occasion de marteler une nouvelle et dernière fois les arguments anti-Jeux, pour la plupart concentrés sur la question des coûts et du risque d’une hausse des impôts. Les opposants ont notamment pointé du doigt le budget estimé de la sécurité (495 millions de dollars canadiens, soit 331,5 M€), qu’ils jugent peu en rapport avec la réalité (Vancouver en avait dépensé 900 millions pour les Jeux d’hiver en 2010). Ils accusent les porteurs de la candidature de l’avoir sous-estimé afin de ne pas gonfler la note finale.

Dans le camp opposé, les défenseurs des Jeux ont proposé au public une séance gratuite de patinage dans l’ovale olympique des JO de Calgary en 1988. Ils ont rappelé les opportunités que l’événement pourrait apporter à la ville et à la région en termes de développement, de créations d’emplois et de retombées touristiques. Ils ont répété le caractère peu risqué d’un projet construit pour l’essentiel autour des installations des Jeux en 1988.

Dans les deux camps, rien de nouveau sous le soleil. Refrains connus.

Les statistiques. Ils ne plaident pas en faveur du oui. Pour la seule campagne aux Jeux d’hiver 2026, trois référendums ont été organisés, respectivement à Saint-Moritz/Davos, puis Innsbruck, et enfin dans le canton du Valais (Sion 2026). Ils ont tous été négatifs. Pour les Jeux d’été en 2024, une seule candidature s’était risquée à consulter la population : Hambourg. Elle le regrette encore. Pour les Jeux d’hiver en 2022, les projets de Cracovie, Saint-Moritz/Davos et Munich ont tous été enterrés après un vote de défiance des habitants. Au cours de la même campagne, la population d’Oslo s’était prononcée en faveur d’une candidature, mais ses leaders avaient ensuite été contraints de jeter l’éponge, faute d’avoir obtenu le soutien du gouvernement norvégien. Seul signe encourageant : les deux derniers référendums olympiques organisés au Canada, pour les Jeux d’hiver en 2010, ont été positifs. Le oui l’avait nettement emporté à Québec (77%) et à Vancouver (64%).

La question. Une victoire du oui, mardi 13 novembre, assurerait-elle à la candidature d’aller au bout du processus ? On pouvait le penser, mais le maire de Calgary, Naheed Nenshi, a semé le doute en fin de semaine passée. « Une victoire du oui permettrait aux travaux préparatoires de se poursuivre, mais le conseil municipal se réserve la décision finale », a-t-il confié, précisant que la candidature n’irait pas au bout à n’importe quel prix. Naheed Nenshi a précisé, malgré tout, qu’il voterait pour le oui. En revanche, un succès du non signifierait l’abandon immédiat du projet olympique. Et, par extension, une retour quasi certain des Jeux d’hiver en Europe, 12 ans après Sotchi 2014.