Thomas Bach est à Tokyo. Le président du CIO a posé le pied dans la capitale japonaise dès la fin de la semaine passée. Il a pris un peu d’avance sur la foule des délégués à l’assemblée générale de l’Association des comités nationaux olympiques (ACNO), prévue du 28 au 29 novembre dans un grand hôtel du quartier de Shinagawa.
En soi, la visite de Thomas Bach dans la prochaine ville olympique n’a rien d’un événement. Elle n’est pas la première. Elle sera suivie d’une succession d’autres séjours. Mais le dirigeant allemand et les Japonais ont coordonné leurs efforts pour la pousser en tête de l’actualité de la semaine. Au Japon, Thomas Bach est partout. Il est suivi de près. On ne voit que lui.
Première étape : Fukushima. Le président du CIO s’est offert une courte visite dans la province dévastée par le tremblement de terre et le tsunami en 2011. Preuve de l’importance accordée à sa personne par les Japonais : il était accompagné du Premier ministre, Shinzo Abe.
Les deux hommes ont visité un stade de baseball, histoire de rappeler aux ceux qui l’auraient oublié, ou l’ignoreraient encore, que le tournoi olympique de la discipline débutera en 2020 à Fukushima. Ils ont ensuite rencontré des athlètes locaux.
Infatigable malgré le décalage horaire, Thomas Bach a également poussé la porte d’un centre de badminton, accompagné cette fois du gouverneur de Fukushima, Masao Uchibor. Les photographes ont apprécié la variété des images. Les reporters sont restés sur leur faim : Thomas Bach et Shinzo Abe n’ont pas répondu à la moindre question des médias.
Deuxième stop : Tokyo. Thomas Bach a débuté sa journée du dimanche en compagnie d’une colonie d’athlètes olympiques asiatiques, réunis dans la capitale pour une réunion de leur commission. Sympa.
Puis il a rejoint Yuriko Koike, la gouverneure de Tokyo. Au programme, un geste très symbolique, mais lui aussi très apprécié des photographes : le président a déposé au recyclage un vieux téléphone portable (photo ci-dessus). L’appareil rejoindra la montagne de smartphones déjà recyclés par les Japonais pour en extraire l’or, l’argent et le bronze qui seront utilisés pour la fabrication des médailles des Jeux de Tokyo 2020. Un beau geste pour la planète.
Autre sujet évoqué par Thomas Bach avec Yuriko Koike : le marathon des Jeux de Tokyo 2020. Le nouveau feuilleton à la mode sur la chaîne olympique. Le président du CIO l’a assuré d’un air grave : les vagues de chaleur, connues notamment au cours du dernier été à Tokyo, représentent « une source d’inquiétude pour nous. » Yuriko Koike l’a écouté. Avant de répondre sans s’étendre sur les détails : « Le problème serait géré fermement. »
Comment ? Mystère. Mais le débat fait rage. Au Japon, les médecins se sont invités dans la discussion, le mois dernier, en affirmant que la chaleur risquait de provoquer de sérieux problèmes pendant la course. Volontiers alarmistes, ils ont prévenu qu’elle pourrait même entraîner « la mort de concurrents. » Pas moins.
Initialement prévu à 7 h 30, le départ du marathon a déjà été avancé d’une demi-heure. Insuffisant, selon John Coates. Le dirigeant australien, président de la commission de coordination du CIO pour les Jeux de Tokyo 2020, veut plus. Il estime que le départ de la course devrait être donné à 6 h 00, voire à 5 h 30. Affaire à suivre.
Enfin, un week-end ne pouvant pas être tout à fait réussi dans le mouvement olympique sans une touche de politique, Thomas Bach a mis son nez dans le dossier Sheikh Ahmad. Selon le site Insidethegames, il aurait personnellement demandé au dirigeant koweïtien de renoncer à se présenter à l’élection à la présidence de l’ACNO, prévue cette semaine à Tokyo.
A ce stade, rien n’est encore officiel. Le site britannique ne mentionne aucune source. Mais il suggère que la décision de Sheikh Ahmad pourrait être prise dès ce lundi 26 novembre, au terme d’une réunion du conseil de l’ACNO.
Pour rappel, Sheikh Ahmad al-Fahad al-Sabah est l’objet d’une enquête de la justice suisse pour des faits présumés de « faux dans les titres » à Genève. Il a annoncé la semaine passée sa décision de suspendre toutes ses activités au CIO, dans l’attente d’un procès prévu au printemps prochain.
Se soumettra-t-il à la demande présumée de Thomas Bach ? Dans une telle hypothèse, il faudrait aux potentiels candidats à la présidence de l’ACNO se déclarer et faire campagne en seulement quelques poignées d’heures. A moins que les plus motivés aient déjà commencé.