Le sujet a longtemps été d’actualité. Il ne l’est plus. Réunies au cours du dernier week-end à Lausanne à l’occasion d’un Sommet olympique, les principales têtes pensantes du mouvement sportif international ont réglé pour de bon le cas de l’eSport. Elles n’en veulent pas aux Jeux. Au moins, pas pour l’instant.
En juillet dernier, le CIO avait donné l’impression d’ouvrir la porte aux sports électroniques, à leurs centaines de millions de pratiquants, et à leur florissante industrie. En organisant à Lausanne un forum dédié au phénomène, l’organisation olympique se disait ouverte à tout. Y compris, pourquoi pas, à l’entrée de l’eSport dans le décor des Jeux.
Samedi 8 décembre 2018, le sommet olympique présidé par Thomas Bach a repoussé l’échéance. L’eSport devra patienter. Certes, le CIO reconnait ne pas vouloir ignorer la spectaculaire croissance des sports électroniques. Il admet également que « le jeu électronique de compétition comporte une certaine activité physique pouvant être comparée à celle de sports plus traditionnels. »
Pas question, pourtant, d’attribuer les yeux fermés l’attribut de sport à toutes ses composantes. « L’utilisation du terme « sport » en ce qui concerne l’eSport et les jeux électroniques doit faire l’objet d’un dialogue et d’une étude plus approfondis », nuance le CIO, attentif à écarter les jeux électroniques de loisir de son terrain d’influence.
Reste la question à quelques centaines de millions de dollars : l’entrée de l’eSport aux Jeux olympiques. Le CIO a tranché : la réponse est non. « Nombre de jeux ne sont pas compatibles avec les valeurs olympiques, et par conséquent une coopération avec eux est exclue. Par ailleurs, le secteur évolue de manière fulgurante avec notamment la popularité fluctuante de jeux spécifiques. Une discussion à propos de l’inclusion de l’eSport au programme olympique est prématurée. »
La décision du CIO ne constitue pas une surprise. Thomas Bach en avait donné un avant-goût dès la semaine précédente, au terme de la réunion de la commission exécutive du CIO à Tokyo. Le dirigeant allemand avait suggéré qu’il serait compliqué d’accepter un sport électronique en particulier, qui pourrait tout aussi bien passer de mode en seulement quelques mois. « Comment choisir ? » avait interrogé Thomas Bach. Avant de poursuivre : « Si nous décidions d’inclure aujourd’hui un sport électronique, les joueurs nous expliqueraient peut-être en 2024 qu’il est maintenant pratiqué par leur grand-père ! » Fâcheux, en effet.