L’affaire Larry Nassar continue de faire tomber des têtes dans le sport américain. La dernière en date a fait un certain bruit. Le comité national olympique (USOC) a annoncé, lundi 10 décembre, avoir licencié son directeur de la performance sportive, Alan Ashley (photo ci-dessus).
La raison : son nom est cité dans un rapport sur la responsabilité de l’USOC dans le scandale Larry Nassar. Alan Ashley est montré du doigt pour son inaction dans l’affaire d’agressions sexuelles au sein de la gymnastique américaine.
Pour établir leur rapport, épais de 233 pages, les enquêteurs du cabinet d’avocats Ropes & Gray missionné par l’USOC ont mené une centaine d’entretiens, dont plusieurs avec des responsables anciens et actuels de l’USOC et de la Fédération américaine de gymnastique. Ils ont consulté plus de 1,3 million de documents pendant plus de 10 mois.
Leur rapport final ne pointe pas seulement la responsabilité du directeur de la performance. Il accuse également l’ex directeur général de l’USOC, Scott Blackmun. Mais, dans son cas, un licenciement n’est plus à l’ordre du jour. Scott Blackmun a démissionné de ses fonctions en février dernier.
Selon les auteurs du rapport, Alan Ashley et Scott Blackmun ont tardé à réagir après les premières accusations sur les agissement de l’ex médecin de la gymnastique américaine. Ils auraient même cherché à étouffer le scandale.
Ils n’auraient pas pris les mesures nécessaires après avoir été alertés, dès juillet 2015, par l’ancien directeur de la fédération américaine de gymnastique, Steve Penny.
Le rapport mentionne notamment un courrier électronique envoyé par Steve Penny à Scott Blackmun et Alan Ashley, expliquant que Larry Nassar avait décidé de renoncer à son poste en septembre 2015, soit après les premières accusations pour agressions sexuelles, mais avant leur révélation. Le courrier en question a été supprimé du compte des deux cadres de l’USOC. Le rapport suggère que Scott Blackmun craignait que sa messagerie soit vulnérable au piratage russe.
Le document assure que Scott Blackmun n’aurait jamais informé le conseil d’administration de l’USOC, pas plus que la moindre personne au sein du comité olympique, des premières accusations à l’encontre de Larry Nassar.
Le rapport se révèle très clair : « Si Larry Nassar porte la responsabilité ultime de décennies d’abus sur des filles et des jeunes femmes, il n’a pas agi en vase clos. Au contraire, il l’a fait au sein d’un écosystème qui a facilité ses actes criminels. »
En plus de l’USOC, les enquêteurs américains attribuent une responsabilité dans l’affaire à l’employeur de Larry Nassar, l’université de Michigan State, mais également au FBI. Tous ont échoué à protéger les athlètes. Leur inaction a ouvert une parenthèse de 14 mois, entre juillet 2015 et septembre 2016, pendant laquelle l’ex médecin a pu continuer ses agissements en dépit des premières allégations.
Exit, donc, Alan Ashley. Le technicien américain rejoint la longue liste des « autres » victimes de Larry Nassar. Il n’en sera peut-être pas le dernier.
« Le comité olympique des Etats-Unis a trompé les victimes, les rescapées et leurs familles. Nous présentons de nouveau nos excuses à tous ceux et toutes celles qui ont été blessés« , a répété une nouvelle fois Susanne Lyons, l’une des membres du conseil d’administration de l’USOC. Le conseil de l’USOC a commandé cette enquête indépendante, car nous savions que nous avions l’obligation de découvrir ce qu’il s’était passé et de prendre des mesures importantes pour empêcher et détecter les abus. Nous avons désormais une vue plus globale des manquements individuels et institutionnels. »