Fin d’année chargée pour l’équipe de Paris 2024. Elle reçoit depuis mercredi 12 décembre une délégation du CIO pour une nouvelle « revue de projet » de la préparation des Jeux. La réunion se veut technique. Marketing, concept, héritage, recrutement… L’agenda ratisse large.
Il prévoit aussi une place pour une discussion sur les futurs sports additionnels. A Paris 2024, le sujet est jugé déterminant, voire prioritaire. Tony Estanguet, le président du comité d’organisation, en a expliqué à FrancsJeux le processus de sélection, les enjeux et la tendance.
FrancsJeux : Quel est votre calendrier dans le processus de sélection des sports additionnels aux Jeux de Paris 2024 ?
Tony Estanguet : Il a un peu changé récemment. La session du CIO où doit être discutée la question des sports additionnels, initialement prévue en septembre 2019, a été avancée au 23 juin à Lausanne. Nous devrons donc soumettre dès le mois de mars prochain une première liste à la commission exécutive du CIO. Ses membres auront ainsi quelques mois devant eux, avant de soumettre le programme des sports additionnels des Jeux de Paris 2024 au vote de la session. Ce changement a pour effet de raccourcir le timing. Mais le processus se poursuivra au delà du mois de juin prochain. La décision finale sera prise par le CIO après les Jeux de Tokyo, lors de la session du mois de décembre 2020.
Allez-vous annoncer au mois de mars 2019 les sports additionnels que vous avez sélectionnés ?
Nous allons les proposer au CIO. Mais il n’est pas certain que nous les rendrons publics. Rien n’est encore décidé.
Aujourd’hui, où en êtes-vous de la procédure de sélection ?
Nous continuons à rencontrer les différentes fédérations internationales concernées. Nous avons également des discussions régulières avec le CIO sur la question. Nous avons des échanges avec les sports candidats depuis les Jeux de la Jeunesse 2018 à Buenos Aires, où nous en avons rencontré certains. En particulier, bien sûr, ceux qui étaient présents au programme des JOJ. Ces fédérations internationales tenaient absolument à nous rencontrer à Buenos Aires.
Comment avez-vous établi votre liste de sports candidats ?
Nous avons suivi le processus suggéré par le CIO, en écrivant à toutes les fédérations internationales reconnues par le CIO. Elles sont nombreuses, mais cela reflète la diversité. Comme nous prenons le sujet très au sérieux, nous voulons étudier toutes les options possibles.
Quels seront vos critères de choix ?
Nous restons dans la continuité de ce que nous racontons depuis le début du projet. Et dans la continuité des 28 sports olympiques sur lesquels nous avons déjà travaillé pour bâtir notre concept. On veut des sites spectaculaires et une très belle offre. Les sports additionnels devront s’inscrire dans cette continuité : des sites spectaculaires et durables, pas une seule construction nouvelle, un engagement du public et des territoires sur la pratique sportive. Le cadre est assez délimité, les sports additionnels devront cocher toutes ces cases.
Avez-vous déjà déterminé un nombre d’athlètes maximum pour l’ensemble des sports additionnels ?
Non. Cette question constitue la vraie difficulté. Nous ne maîtrisons pas ce nombre d’athlètes. Il va résulter d’une discussion à trois, avec le CIO et les fédérations internationales des 28 sports olympiques. Le CIO devra libérer de la place pour laisser entrer des sports additionnels. Nous avons des réunions tripartites, jusqu’à la fin de l’année, avec les fédérations internationales des sports olympiques et le CIO, pour comprendre notre marge de manœuvre et connaître le quota sur lequel nous allons pouvoir travailler.
Qui va réaliser la soustraction ?
Le CIO. Mais nous y serons associés. Et nous ne serons pas les seuls. Les acteurs sont nombreux : les fédérations internationales, mais également leur association, l’ASOIF. Les sports d’équipe représentent un vrai défi, car en décidant d’en ajouter un, on se retrouverait d’un coup avec 100 athlètes supplémentaires. Il ne serait pas simple de trouver une centaine de quotas. Nous sommes en pleine discussion. Le processus a commencé, mais il se fera à marche forcée jusqu’au mois de mars.
La possibilité de décrocher des médailles françaises comptera-t-elle parmi vos critères de sélection ?
Nous voulons engager les Français dans ces Jeux et en faire une vraie fête populaire. A ce titre, cet aspect est important pour nous. Les dernières éditions ont montré l’importance du soutien d’un pays derrière son équipe nationale. Je considère donc plutôt ce critère comme l’un des éléments en lien avec l’engagement du public. Nous en avons fait une priorité. On veut vraiment que les Français puissent vibrer autour de ces Jeux. Il faut du spectacle, des émotions, et des athlètes français en contact avec la gagne. Mais les chances de médailles françaises dans un sport additionnel ne peut pas être le seul critère.